Sergeo Polo : L'album de la maturité

"Amour à deux, amour à vie", le nouvel opus du "roi Polo XVIII" est un hymne à l'amour dans un registre plus posé dominé par le cuivre.

 



C'est l'album de la rupture. D'abord la pochette. On voit un Sergeo Polo, tout de rouge vêtu dans un costume royal avec des broderies dorés, assis sur un trône non moins majestueux, une canne à la main. On comprend alors son nouveau pseudonyme : "Roi polo XVIII", qui envoie aux calendes grecques "le président de Deido à Paris", l'ancien surnom. Ensuite le genre musical qui est en totale rupture avec ce que Sergeo Polo a produit jusqu'ici. Sur les 9 titres de "Amour à deux, amour à vie", le troisième album solo disponible dans les bacs depuis mars 2010, seuls trois titres, du makossa, ("Lili", "suzy", "Sango loba") sont dansants. Les autres chansons sont plutôt des genres posés. "Amour à deux, amour à vie", le titre éponyme est une rumba à la Rochereau (célèbre congolais), où on retrouve "le roi Polo XVIII", en featuring avec Barbara Kanam, la diva de la musique ivoirienne. Parfaite fusion entre la voie de velours du Camerounais qui chante en français et en duala et la voix suave de l'Ivoirienne qui manie à merveille le lingala congolais. Le cuivre (saxophone et trompette) est mis en exergue sur ce titre.

"Lak-sse mba", "Bounandjoa oli", sont des ballades où le roi Polo XVIII, connu pour être un des spécialistes des Slows, laisse éclore son génie. "Man bassa", un makossa soft, est un clin d'œil à la communauté bassa. L'artiste chante en bassa avec un fort accent… duala. Des noms de quelques illustres élites de ce peuple sont cités en boucle : Nyodog Perrial, Rigobert Song, Benjamin Massing, Emmanuel Bidjeké, Me bienvenu Kanga, etc. C'est dans le même registre qu'il faut classer "Allo Gabon", qui est une grosse fleur au pays de Léon Mba. "J'ai droit au bonheur" est un zouk langoureux où "l'amourologue" cite une de ses illustres fans : "La mère de la nation, maman Chantal Biya, m'a dit l'autre jour à Yaoundé : Sergeo Polo, tu es le vrai chanteur de charme du Cameroun. Parce que quand tu chantes l'amour, les couples se soudent et se solidifient pour l'éternité. Amen".

Dans "Sango Loba", Sergeo Polo affiche fièrement sa vie de chrétien. Le nom de Dieu revient en boucle. Des boutades appelle à la paix : "Je prie inlassablement afin que cessent la jalousie, la haine, la médisance et surtout l'acharnement injustifié envers les autres" ou encore : "Dénigrer est le talent de ceux qui n'en ont pas. Et à vouloir tuer la calomnie, on la fait vivre. Tandis que la laisser tranquille, la fait périr de mort naturelle". Des versets bibliques sont cités : "Gal 6. 7. Ce que l'homme aura semé, il le moissonnera", lance-t-il dans un rire sarcastique. On ressort de l'écoute de "Amour à deux, amour à vie", avec le sentiment d'avoir suivi un album mature qui porte l'empreinte d'un monstre sacré : Toto Guillaume qui est à l'arrangement, à la réalisation et directeur artistique. Les noceurs se contenteront de "Lili" qui bénéficie d'un featuring de Mirage Supersonic (chanteur principal de Koffi Olomide). Pour le reste, les fans constateront d'eux-mêmes la rupture d'avec ce que Sergeo Polo a produit jusqu'ici.

Fiche technique
Sortie : Mars 2010
Titre : "Amour à deux, amour à vie"
Producteur : Sergeo Polo pour Sp Association
9 titres
Guest stars : Barbara Kanam (dans "amour à deux, amour à vie"), Mirage Supersonic (dans "Lili"), Landry Ifouta (dans "Allo Gabon").
A écouter : "Lili", "Amour à deux, amour à vie", "J'ai droit au bonheur", etc.
Genre : makossa, rumba, zouk, ballade.

Eric Roland Kongou


mboasawa

3713 Blog posts

Comments