Musique : Ces extras qui font vivre les artistes

Il faut parfois débourser plus de 200. 000 Fcfa pour s’offrir prestations de Tsimi Toro, Aï-Jo Mamadou, Hugo Nyamè ou Lady Ponce, par exemple.


ImageC’est un secret de Polichinelle ; la vente des disques au Cameroun ne peut pas, seule, faire vivre un artiste, du fait de la piraterie qui a envahi ce secteur.
 

Aï-Jo Mamadou, chanteur de bikutsi, le reconnaît lui-même dans l’une de ses chansons : « les musiciens de la capitale sont des pauvres types ». Une boutade d’autant plus juste que certains chanteurs sont obligés de se livrer à d’autres activités pour joindre les deux bouts : « Il n’est pas évident d’être artiste musicien au Cameroun, dès lors que nous ne parvenons pas toujours à trouver notre compte dans la vente des disques. Pour vivre, on est obligé de trouver d’autres moyens », confie Manuel « Wambo » Wandji, auteur de la chanson à succès « C’est pas facile ». Ces autres moyens, ce sont ces rétributions que les musiciens obtiennent après avoir donné des spectacles dans des cabarets, des manifestations publiques ou privées.  
Pour avoir Tsimi Toro lors de la dernière édition des Pleins feux sur l’Esstic qui s’est tenue du 25 au 27 mars, le comité d’organisation a dû débourser 250. 000 Fcfa, d’après H. Mbenti, membre du comité d’organisation. Le même Tsimi Toro avait empoché une enveloppe de 300. 000 Fcfa au Safari night club de Yaoundé pour y jouer en janvier dernier. Il se trouve cependant, d’après Billy Show, animateur et agent d’artistes, que le cachet alloué à un musicien pour une prestation est fonction de sa cote de popularité. Ainsi, Lady Ponce, l’une des chanteuses de bikutsi les plus en vogue du moment, a exigé 1.500.000 Fcfa au Safari pour jouer en décembre 2008. A la même période, Mbarga Soukouss qui a été populaire dans les années 90 recevait 35. 000 Fcfa de la famille Owona à Nkomo, à Yaoundé, pour jouer lors d’un baptême. Ce qui n’aurait certainement pas été le cas en 1990 quand le tube « Essamba » faisait vibrer toutes les chaumières. « La plupart des artistes camerounais n’ont ni managers, ni agents, si bien que pour les avoir, la négociation se fait avec l’artiste lui-même. Les prix varient selon les offres que chacun reçoit et ils sont le plus souvent taillés à la tête du client. Du fait que la plupart des artistes n’ont pas une idée de leur valeur, les cachets varient entre 200. 000 et 2.000.000 Fcfa », fait savoir Bithé Demaison, promoteur culturel et ancien manager de Longuè Longuè.
Certains affirment que les prix ne sont pas stables parce que le premier objectif n’est pas de chercher de l’argent, mais de donner du plaisir et des émotions aux fans. Pour Tsimi Toro, par exemple, « une grille de prix ne peut pas exister dans ce domaine, parce que nous cherchons avant tout à rendre les gens heureux. Ce n’est pas parce que tel ou tel offre plus d’argent que nous allons nous diriger vers lui ». Tout Petty, guitariste au club Carrossel, va dans le même sens en affirmant : « Il arrive que nous chantions gratuitement chez certaines personnes, juste pour le plaisir. Même si avant tout, on cherche tous du pain ».


Ateba Biwolé

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