Bafoussam
Les journalistes à l’école américaineLe management des médias et la lutte contre la pratique du “ gombo ” étaient au centre des débats d’un séminaire de trois jours organisé par l’ambassade des Etats-Unis au Cameroun.
Les 23, 24 et 25 août 2006, une trentaine de journalistes de la province de l’Ouest étaient sur les bancs pour un séminaire de renforcement des capacités. Ils sont venus des différents médias (la radio, la télévision et la presse écrite). Le séminaire était organisé par la section des affaires publiques de l’ambassade des Etats-Unis au Cameroun, en collaboration avec le Club media Ouest (Cmo). Les thèmes développés ont porté entre autres sur “ les techniques d’interview ”, “le reportage d’actualité ”, “ le journalisme d’investigation ”, “l’éthique journalistique : la pratique du gombo ” et “le management des médias ”. La formation était assurée par le Dr Daniel Anicet Noah, enseignant à l’Université de Yaoundé II. Il était accompagné de Judith Ravin, attachée de presse, et de Thomas Bouba Monglo, spécialiste de l’information à l’ambassade des Usa.
Loin du cours magistral, cette rencontre était une tribune d’échanges. Le lieu de signaler pour déplorer l’une des difficultés auxquelles font face les journalistes à Bafoussam, à savoir l’accès aux sources d’information. Ce qui a d’ailleurs fait dire à Daniel Anicet Noah que “ les sources d’information ne s’ouvrent aux médias que lorsqu’elles cherchent quelque chose ”. Et de conseiller aux uns et aux autres “ de constituer un carnet d’adresses bien fourni. ”
Combattre le gombo
Le thème portant sur “ L’éthique journalistique : la pratique du gombo ” a retenu plus d’une attention. Et pour cause, près de 30 % de journalistes de cette province sont reconnus pour leur appétit pour le gombo ; quand bien même ils ne sont pas des maîtres chanteurs. “ Des journalistes se comportent comme des francs tireurs. Beaucoup couvrent des évènements et n’écrivent nulle part ”, s’indigne le facilitateur qui reconnaît que le journaliste fonctionne dans la société comme un acteur critique. Mais parfois, sans toutefois le défendre, “ il est harcelé ou corrompu par les autres acteurs sociaux qui essayent de le corrompre en achetant son silence, en lui donnant une surinformation ou en le désinformant. ” La répartition à tête chercheuse de la publicité dans les médias, le problème de l’aide à la presse et le coût de production dans les imprimeries ont été évoqués comme pouvant être des causes de la précarité. Tout en reconnaissant qu’un travail éthique ne se fait pas dans une incertitude financière permanente, les hommes de média ont été invités à mettre à contribution leur bon sens et leur dignité humaine pour un travail objectif et professionnel.
A en croire madame Judith Ravin, “ nous sommes à Bafoussam parce qu’aux Etats-Unis, on soutient le droit de savoir et que ce droit soit dans les mains du peuple. Le véhicule pour faire circuler cette information est entre les mains de la presse. Ce qui fait que la presse est un instrument principal dans une démocratie. Elle donne l’information et soulève le débat en vue d’une bonne prise de décisions. ” Quant à Roland Tsapi, coordonnateur du Club média Ouest, “ l’objectif principal du Cmo c’est la formation continue de ses membres. Je souhaite par ailleurs que ce genre de séminaire qu’organise l’ambassade des Etats-Unis se multiplie davantage ”, conclut-il. Avant de quitter Bafoussam, l’ambassade a doté les participants au séminaire, ainsi que le Cmo et certaines rédactions de la place, d’une importante documentation. On espère qu’ils sauront en faire bon usage.