Selon Libération du 12 mars 2010, le premier accuse le second de "diffamation" dans un reportage diffusé par la chaîne française.
Le groupe Bolloré est-il "un négrier moderne ou un patron social ? " Telle est la question qui taraude l'esprit des juges du tribunal correctionnel de Paris depuis quelques jours. Un tribunal saisi par le groupe qui "attaquait France Inter" pour rétablir son honneur suite à une "diffamation pour un reportage sur ses activités en Afrique" sur ses antennes. Affaire qui a servi de prétexte au quotidien Libération. Lequel a saisi comme prétexte pour lever un pan de voile sur les activités de groupe capitaliste qui a plus d'un intérêt au pays de Paul Biya.
Pan de voile seulement dans la mesure où le papier de Renaud Lecadre occupe seulement la moitié de la page 15 de la livraison du 12 mars denier. Avec une photo de l'homme d'affaires très serein, avec même le sourire en coin. Un sourire qui n'empêche cependant pas ce procès de suivre son cours, et qui selon le journaliste de Libé a déjà "vu défiler des dizaines de témoins camerounais (syndicalistes, dirigeants, politiques, journalistes) à charge et à décharge" à Paris. Où il question de voir si le groupe Bolloré est un "empire peu soucieux du bien-être et du développement local" ou alors "une entreprise citoyenne".
Occasion qui permet aux langues de se délier et de faire savoir les arguments qui sous-tendent chacune des parties. Pour le numéro deux du groupe, Dominique Laffont, "il y a peu d'actionnaires capables d'investir 200 millions d'euros par an en Afrique. Et pour gagner quoi ? Notre rentabilité est de 5%. La plupart des opérateurs en Afrique ne s'intéressent qu'aux télécoms et à l'énergie, 45% de marges. Pourquoi si peu investissent dans la logistique ? Parce que c'est un métier ardu".
Une opinion qui tranche d'avec celui d'un responsable de syndicat de la fonction publique qui dit que "Bolloré licencie à tout va, distribue des salaires de misère, ne respecte pas les concessions et bénéfice de l'appui des pouvoirs publics qui volent à son secours à chaque difficulté". Le journaliste évoque aussi le reportage querellé où un syndicaliste docker faisait état de n'avoir "aucun souci, Bolloré (étant) le meilleur employeur" qu'il a connu. Sauf que dans ses explications il sortit "de sa besace l'équipement complet des dockers de Douala (combinaisons, chaussures, gants, casque) dont certains éléments sont encore sous cellophane".
Un mano à mano qui fait parfois appel aux journaux camerounais comme L'œil du sahel pour les uns et Germinal pour les autres. Et qui dénote bien que des millions si ce n'est des milliards sont brassés par une entreprise qui a par exemple repris la compagnie nationale de chemin de fer pour la faire passer du "Gouffre financier sous tutelle publique" à une entreprise "rentable, à en juger par ses 15 millions d'euros d'impôts annuels sur les bénéfices". Une situation qui aurait aussi cours dans les "plantations de palmiers à huile que Libération avait qualifiées, en mars 2008, de 'Germinal des tropiques'" et où "Les ouvriers se surnomment esclaves, le directeur de la plantation reconnaît que les conditions de travail sont épouvantables".
Parfait Tabapsi 

 
					