Où est passé le Collectif SOS artistes

Solidarité :
Très actif lors des obsèques d’Essindi Mindja en 2005, l’association est restée assez discrète dans ses actions.
Eugène Dipanda

Il y a une semaine, jour pour jour, mourrait Massa Batré, le célèbre comédien camerounais, à l'hôpital central de Yaoundé. René Njike dans le civil, celui qu’on considérait comme l’un des précurseurs des sketches populaires au Cameroun est décédé à 67 ans des suites d'une hépatite B qui le rongeait depuis une douzaine d’années, comme l’affirment ses proches. Quelques temps avant son décès, Massa Batré aurait bénéficié de l’assistance "morale et financière" des membres du Collectif SOS artistes, à en croire Mbanga-Kack, le porte-parole de ce regroupement "d’amis de la culture", qui a été mis sur pied il y a un peu plus de deux ans. "Maintenant que le pire est advenu, nous devons nous organiser dans les prochains jours pour l’organisation d’obsèques dignes au défunt, qui était un professionnel très respecté", rassure Mbanga-Kack.
Courant août 2005, alors que le cinéaste Abbia Moukoko combat encore contre la mort, le Collectif SOS artistes est encore là. Entre les centres hospitaliers où Abbia Moukoko suit des soins intensifs et le domicile de l’artiste, les membres de l’association vont jouer un rôle déterminant en terme d’assistance diverse, jusqu’à sa mort survenue le 31 août. Mais, l’action la plus éclatante du Collectif SOS artistes est intervenue quelques mois plus tôt, pour le cas de Essindi Mindja, comédien bien connu des Camerounais et même des Africains, décédé dans la nuit du 25 au 26 juillet 2005 à l’hôpital Saint-Louis de Paris.

L’humoriste était malade, très malade. Il souffrait d’une "fatigue généralisée due à un surmenage", expliquaient d’abord les membres de la famille. Essindi Mindja était en plein tournage du film "Les Saignantes" de Jean-Pierre Bekolo, lorsque sa santé a commencé à dégringoler. A l’hôpital Jamot, les médecins découvriront qu’il souffre d’une "masse pulmonaire". Il vomissait du sang et maigrissait au fil des jours. Les soins s’avèrent particulièrement onéreux, et le comédien n’a pas assez d’argent pour y faire face. Hubert Mono Ndjana, l’ancien Pca de la Société civile de la littérature et des arts dramatiques (Sociladra) va lui octroyer une aide de 100.000 Fcfa pour l’achat de quelques médicaments. Mais, l’argent est insuffisant. Le patient, selon les médecins, doit être évacué en Europe pour des soins appropriés. Une demande d’aide adressée au ministère de la Culture demeure lettre morte…
C’est en ce moment que va naître un élan de solidarité sans précédent autour de l’artiste. Ses confrères Kouokam Nar6, Claude Ndam, Bassek ba Kobhio et même des journalistes comme Mbanga-Kack, sont à la baguette. Il est question de mobiliser rapidement de l’argent pour l’évacuation sanitaire de Essindi Mindja. Très vite, l’élan de cœur ainsi déclenché devient une affaire quasi nationale.

Mobilisation
Un concert de solidarité est organisé à Yaoundé. Plus de 23 millions Fcfa sont dans la cagnotte. Le comédien peut enfin sortir du pays, sous l’œil des cameras de télévisions nationales. Trop tard, hélas, puisqu’il mourra quelques jours seulement après son hospitalisation. Selon les membres du Collectif SOS artistes, l’état d’Essindi Mindja s’était alors considérablement dégradé, alors qu’un spectacle initié en son nom se tenait dans la capitale française.
N’empêche, comme il l’avait déjà fait pour son évacuation sanitaire, le Collectif SOS artistes a tenu à accompagner "dignement" le défunt dans sa dernière demeure. Malgré les nombreux soupçons de détournement de l’argent collecté par l’association, et en dépit du comportement affiché par la famille de Essindi Mindja, auprès de qui l'élan de générosité suscité par le Collectif a semblé faire naître des appétits divers, tout se sera finalement bien déroulé. A la grande satisfaction des initiateurs du Collectif, qui, assure Kouokam Nar6, ont travaillé de façon bénévole avant et après la mort de leur "ami".

Depuis ces événements malheureux, le Collectif SOS artistes semble cependant entré en hibernation. Et pourtant, Mbanga-Kack indique que "Le Collectif avait des ambitions claires : devenir une structure permanente, qui ne s’occuperait pas seulement des artistes en difficulté, mais aller au-delà ; c'est-à-dire l’amélioration de leur condition et de leur cadre professionnel". "Depuis lors, nous n’avons pas beaucoup d’activités, mais les statuts ont été adoptés, et l’association est présidée par Bassek ba Kobhio", poursuit le porte-parole. Cependant, selon Claude Ndam, "Il est vraiment important de relancer les choses. Madame Essindi nous a récemment appelé, parce qu’elle souhaite édifier la tombe de son mari. Je n’ai pas encore rencontré les autres membres, mais il y a également le cas de Massa Batré qui nous interpelle…"
Pour comprendre cette léthargie apparente, il faudrait peut-être interroger le mode de fonctionnement du Collectif. L’association repose principalement sur les contributions de mécènes. Ses membres y opèrent donc un travail basé sur les relations publiques. "Chacun essaye de mettre son carnet d’adresses à contribution pour des collectes diverses. Malgré tout, nos moyens restent assez modestes. C’est peut-être ce qu explique que nous ne puissions être, pour l’instant, en activités en temps réel. Toutefois, avec un peu de volonté, les choses devraient se mettre progressivement en place", témoigne Mbanga-Kack.

mboasawa

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