Propos recueillis par Marion Obam, à Libreville

Je me rapproche effectivement de la sortie de mon deuxième album toujours avec le label Eben entertainment, car voici bientôt deux ans que je travaille dessus. J'ai commencé au Ghana à cause de certaines influences qui m'ont intéressé, notamment le high life, qui est une fusion entre les mélodies populaires et le rap. En quinze ans de carrière, j'ai eu le temps de mûrir mon travail. Je recherche pour mon deuxième album à créer une rupture qui ne s'éloignerait pas de mon originalité, mais qui s'ouvrirait aux musiques du monde. Déjà dans Mo'fire, le premier album, je ne faisais pas exclusivement du rap, car aujourd'hui pour avoir une exposition internationale, il faut au-delà, en terme de frontières musicales, des influences locales.
L'album parle de quoi?
Pour le moment le projet est de l'appeler Karnivore. Mais quand on travaille sur un album, le titre est susceptible de changer à tout moment. Il y'a des featuring avec Singuela et Meiway. Cet opus parle d'amour. J'en reçois tellement que j'essaye de le partager avec le maximum de personnes. Cela se fait aussi à travers le bonheur que l'on peut procurer par le biais de la musique. L'album parle aussi de spiritualité. Pour moi le pouvoir n'est pas politique, il est culturel. Le vrai pouvoir n'est pas magique, il est naturel et mystique. Je parle aussi des scènes quotidiennes de la vie qui doivent nous amener à changer. Une faute, l'est parce qu'on la commet une fois. Lorsqu'on la répète, c'est qu'on est bête. Il faut apprendre à tirer les leçons des choses qui nous arrivent.
Quelle est cette obsession bestiale qui vous anime, car vous vous faites appeler "l'animal" et votre second album s'intitule "Karnivore"?
J'essaye de me rattacher à mes racines pour ne pas tomber dans la perversité. Aujourd'hui le vice a pris le dessus et nous vivons vraiment dans la ville de Sodome. Ce sont mes racines africaines qui m'ont protégé. Si je me fais appeler l'animal, c'est que l'homme est devenu toc toc. Quand il a pensé qu'il est devenu l'animal le plus intelligent et que l'humanité faisait de lui un être supérieur et qu'il pouvait tout faire : détruire les races, la faune et la flore, la biodiversité, les mœurs à travers des pratiques avilissantes pour l'homme. L'Eternel est mon berger, je me considère comme sa brebis.
Que devient le projet de faire un duo avec le Camerounais Krotal?
En fait, le feat avec Krotal c'est pour son album à lui. Et ça tient toujours. En tout cas, c'est quelque chose qui me tient à cœur. C'est quelqu'un que j'admire et que je respecte beaucoup. Il est très fort. Nous nous sommes connus par Cd interposés. J'avais son album et il connaissait quelques-uns uns de mes morceaux. La première rencontre s'est très bien passée au feeling et au niveau professionnel nous nous sommes découverts beaucoup de point commun. Nous avons les mêmes influences, la même école. C'est quelqu'un qui a un potentiel immense. Je ne sais pas quelle est l'importance de la musique urbaine au Cameroun, mais ici Krotal aurait déjà un statut de star internationale et cité en exemple aux jeunes. La politique culturelle au Gabon est différente, car elle agit et accompagne les artistes. Ce n'est pas le cas au Cameroun. Pourtant Krotal est un bosseur. Aujourd'hui la jeunesse africaine a besoin de repère des gens qui ont réussi, non pas avec les relations et les compromissions, mais avec la force du travail et leur courage.