Spéculation autour du gaz domestique

Extrême Nord :
Le prix du produit diffère selon les points d’approvisionnement.
Dieudonné Gaïbaï

La période des fêtes de fin d’année aura été assez douloureuse pour les populations de la province de l’Extrême Nord. A Kousséri et Yagoua, le gaz se marchande au prix fort, malgré les dispositions prises par les responsables du ministère du Commerce de ces différentes localités. Maguira M. employé dans une entreprise installée à Kousseri affirme en effet que "depuis trois semaines maintenant, il est difficile pour nous de trouver du gaz domestique. A la station Total, on nous fait dire que l’approvisionnement est imminent. Et puis, il n’y a plus subitement de gaz. Dans le même temps, on vend dans les quartiers le gaz à des prix qui n’ont rien à voir avec les prix homologués. Pendant les fêtes c’est difficile pour les ménagères." Saïd Abdel confirme lui aussi cette hausse subite des prix du gaz. "Si tu as la chance d’avoir le gaz à la station Total, tu as la bouteille de gaz de 12,5 kg à 6.000 Fcfa [prix homologué]. Mais comme on peut faire le pied de grue toute la journée là bas, on préfère se déporter auprès des détaillants qui vendent cette bouteille entre 7.500 et 8.500 Fcfa. Alors que pour les bouteilles Eco gaz, il faut avoir au moins 4.000 Fcfa contre 2.880 à la station."

A Yagoua, les récriminations sont les mêmes. Des fonctionnaires en poste dans cette unité administrative affirment même qu’il faut parfois se déporter sur Maroua pour espérer avoir le gaz. Parce que selon eux, il est difficile dans le chef lieu du Mayo Danay de s’approvisionner en gaz. Même si la surenchère est négligée ici, la disponibilité du gaz est mise en question. Dans la ville de Maroua on semble être étranger à ce phénomène. Dans les stations services Total de Domayo et du marché, les bouteilles de gaz sont disponibles. Les gérants se disent d’ailleurs surpris de l’interrogation du reporter quand à la disponibilité du gaz. Se contentant de présenter les nombreux clients qui ont vont et viennent munis de leurs bouteilles de gaz domestique.
La situation de surenchère sur les marchés de Kousseri et de Yagoua a de quoi surprendre dans une province qui abrite un centre emplisseur de gaz. Lequel a pour ambition de résorber les nombreuses pénuries de gaz jadis observées sur le marché local.

Pour Malloum Bra, le chef de ce centre, "il n’y a pas de perturbations à notre niveau quand à l’exécution des missions qui nous ont été confiées au départ. Les marqueteurs sont servis sans problèmes. Mais les situations de spéculations échappent au contrôle de notre centre. Il s’agit des personnes qui veulent avoir plus de bénéfices. D’où la surenchère actuelle et ce sont les responsables du ministère du commerce qui doivent traquer ces malfrats."
Mais il y a que les localités de Kousseri et de Yagoua sont frontalières avec le Tchad. Face aux besoins en gaz de ce pays voisin, les marqueteurs préfèrent écouler les bouteilles de gaz au prix fort à N’Djamena et Bongor. Face à une importante demande, les stocks disponibles sont exportés. Il y a aussi, de l’avis de plusieurs personnes, des difficultés à obtenir les bouteilles Sctm sur l’ensemble de la province. Les différentes équipes déployées sur le terrain par la délégation provinciale du Commerce pour l’Extrême Nord n’ont malheureusement pas pu circonscrire le phénomène, malgré les multiples campagnes de sensibilisation initiées sur le terrain.

mboasawa

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