Paulin Abono Moampamb arrêté


L’ancien secrétaire d’Etat aux Travaux publics a été interpellé mercredi pour sa gestion de la mairie de Yokadouma.
Léger Ntiga

La nouvelle s’est répandue à Yaoundé, la capitale camerounaise hier matin. Comme une traînée de poudre, de bouche à oreille, la ville bruissait de l’arrestation le matin même, de Paulin Abono Moampamb, l’ancien secrétaire d’Etat aux Travaux publics (Setat) par ailleurs, ancien maire de Yokadouma. Cependant, Mutations a appris de sources policières que "M. Abono a été interpellé mercredi à Yaoundé". Sur les raisons et la destination prise par l’ancien ministre, notre source n’a pas souhaité donner quelque indication alors que des informations véhiculées à travers la capitale laissaient entendre qu’il séjournait tantôt à la police judiciaire, tantôt au Groupement spécial des opérations (Gso).

Tard hier soir cependant, une source digne de foi a indiqué au reporter de Mutations que l’ancien maire de Yokadouma a été conduit au secrétariat d’Etat à la Défense chargée de la gendarmerie nationale (Sed). A en croire la même source, Paulin Abono aurait été présenté au procureur au cours de la journée d’hier. Il devrait retourner au cabinet du procureur de la République ce vendredi. Reste de nombreuses zones d’ombre sur les motifs de l’arrestation de celui qui est sorti du gouvernement le 07 septembre dernier. "M. Abono est à la disposition du procureur de la République pour sa gestion de la mairie de Yokadouma", a laissé échapper, laconique, une source.

Une indiscrétion probablement vraie si l’on s’en tient à ses nombreuses auditions à la police bien avant sa nomination comme secrétaire d’Etat aux Travaux publics. En effet, soupçonné de malversations financières et dénoncé par certaines autorités, Paulin Abono fait l’objet d’une enquête judiciaire depuis 2005. Il a été à ce propos plusieurs fois entendu à la direction de la police judiciaire où certains de ses collaborateurs ont eux aussi été auditionnés. Dans son entourage et sur la même lancée, on parle de milliards de la redevance forestière dilapidés par celui dont le nom signifie mot à mot, "l’enfant de la générosité".

Quoiqu’il en soit, le 23 novembre 2007 lors de l’installation de l’actuel maire de Yokadouma, Léon Nkantio, le préfet de la Boumba et Ngoko, Félix Minsing Mimbang, en guise de mise en garde, ne fut pas particulièrement tendre avec le maire sortant dont il accusa ouvertement l’incapacité à mener une activité municipale digne de ce nom. "Monsieur le maire, je vous recommande particulièrement, de ne pas considérer la commune comme un héritage familial ou une vache à lait et de vous inscrire résolument et réellement à l'école de la bonne gouvernance en évitant de tomber sous les charmes et tentations d'une gestion hasardeuse, au mépris de la réglementation en vigueur, la bonne gestion de la chose publique doit être pour vous un principe sacro-saint", a lancé le préfet.

Sans ambages, l’autorité administrative a souligné d'emblée, s’adressant au nouveau chef de l’exécutif municipal que "vous héritez d'un grand malade. La ville de Yokadouma souffre notoirement de son insalubrité morbide et chronique avec des immondices d'ordures à tous les coins de rue et les herbes folles galopantes. La ville de Yokadouma souffre de sa voirie urbaine avec ses routes et ruelles fangeuses, défoncées, cahoteuses et complètement burinées par les eaux de pluie où circuler en saison de pluie ou en saison sèche, en voiture ou en moto, devient une gageure pour le conducteur".
Au rang des autres maladies dont souffre le chef-lieu de son département le chef de terre dira que "Yokadouma souffre de son enclavement médiatique avec l'arrêt des émissions de la radio communale Boumba Fm. Les populations des zones rurales n'ont pas suffisamment accès à l'eau potable, à l'énergie électrique et aux soins de santé primaires. L'habitat y demeure précaire et rudimentaire". Ces propos de Félix Minsing Mimbang, sonnaient comme une mise à l’index de l’exécutif municipal sortant à la tête de la mairie la plus nantie en matière de redevance forestière avec un peu plus de trois milliards de Fcfa par an.

mboasawa

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