Pénurie d’eau
Malgré son potentiel, l’Adamaoua n’est pas à l’abri des problèmes d’eau.
Tous les grands cours d’eau du Cameroun prennent leurs sources dans l’Adamaoua. C’est à ce titre que cette province est qualifiée de château d’eau du pays. Des générations entières ont appris cette leçon au cycle d’enseignement primaire. A priori, cela fait de cette partie du Cameroun une source d’eau inépuisable. Du haut de son plateau, l’Adamaoua irriguerait le reste du triangle national. Pourtant, à l’observation, charité bien ordonnée ne commence pas par soi-même. Loin s’en faut. Autant en milieu urbain que rural, l’eau n’est pas la denrée la mieux partagée dans l’Adamaoua. Il n’est pas rare de voir, en plein centre ville de Ngaoundéré, des jeunes gens traîner de gros contenants sur de longues distances à la recherche du précieux liquide. "Je vais souvent m’approvisionner au quartier Joli soir, car ici on ne trouve pratiquement pas de robinets. L’eau des puits n’est pas potable", avoue Aboubakar, habitant au quartier Bamyanga.
Selon des informations puisées à bonne source, entre 2000 et 2007, l’ex-Société nationale des eaux du Cameroun (Snec), avec le soutien des partenaires au développement, a créé plus de 200 forages. Si l’on se fie au rapport produit par la mission chargée des consultations participatives en vue de la révision du document de stratégie de réduction de la pauvreté (Dsrp), le programme d’hydraulique rurale a abouti à la réalisation de 125 forages équipés de pompes manuelles dans le seul département de la Vina. L’ensemble de ces réalisations a coûté un peu plus d’un milliard de Fcfa. Nombreux sont pourtant les habitants de cette unité administrative qui cherchent des yeux ces investissements annoncés en grande pompe. Chercher un forage dans certains coins n’est pas différent de la quête d’un oasis en plein désert. Avec l’accroissement démographique, la consommation en eau a pratiquement doublé, fait-on savoir.
Maladies hydriques
Le nombre d’abonnés à l’ex-Snec est passé de 1000 à plus de 5000 aujourd’hui. En outre, sur près de 30 stations de traitement d’eau de cette entreprise disséminés dans la province de l’Adamaoua, très peu fonctionnent encore à plein régime du fait de leur obsolescence. Le long processus de privatisation de la Snec a empiré la situation. Au delà de l’accès à l’eau chez "le (présumé) distributeur par excellence de l’eau au Cameroun", des voix s’élèvent pour parler des problèmes de gestion et de qualité de cette ressource. Si l’eau est trouvée facilement à quelques mètres sous terre, elle n’est toujours pas incolore, inodore, sans saveur et agréable à consommer. Entre l’eau de la Snec et celle des forages, beaucoup préfèrent la seconde. "L’eau de la Snec donne souvent l’amibiase ou la typhoïde lorsqu’on ne la filtre pas. C’est plus grave lorsqu’il y a coupure, parce que lorsque la situation est rétablie, c’est la boue qu’on boit", fulmine Pauline N., enseignante à Ngaoundéré. S’agissant de la gestion de cette denrée, il apparaît que la minorité qui en dispose la dilapide. Sous ce rapport, des hydrologues ont débattu de la question de l’assainissement, fil conducteur de la l’édition 2008 de la journée internationale de l’eau. A Ngaoundéré, l’on ne dispose d’aucun service de traitement des eaux usées. La station d’épuration de Dang est à l’arrêt depuis près de dix ans. Or, l’on peut faire face à la pénurie d’eau en recyclant la précieuse denrée. Des associations à l’instar de Synergie jeunesse et développement (Syjede) entreprennent depuis quelques années de sensibiliser les populations de l’Adamaoua à l’utilisation rationnelle de l’eau. La prochaine journée mondiale consacrée à l’eau donnera peut être l’occasion à province château d’eau du Cameroun d’étancher sa soif.