L'application de la valeur de référence va consacrer soit l'augmentation du prix soit le monopole de Sosucam.
Lazare Kolyang

En demandant, par exemple, au ministre des Finances l'application de la valeur de référence, en lieu et place de la valeur transactionnelle (en vigueur dans tous les pays membres de l'Organisation mondiale du Commerce), le chef du gouvernement consacre, dans le communiqué rendu public au terme de la rencontre du 08 août, soit le retour au monopole de la Sosucam, soit une hausse considérable du prix du sucre. " En réalité, il s'agit d'une forme de protectionnisme qui ne dit pas son nom, même si on ne peut parler de protectionnisme que lorsque l'on veut protéger les entreprises locales contre la concurrence, mais il faut dans ce cas que la demande locale soit satisfaite. Avec la valeur transactionnelle, les importateurs du sucre payaient 210.000 francs Cfa par tonne du sucre importé. Avec la nouvelle formule, on se retrouve à presque 440.000 francs Cfa par tonne ", explique un inspecteur de douanes.
Conséquence, ces importateurs ne pourront évidemment plus revendre le kilogramme de sucre au prix actuellement en cours, c'est-à-dire entre 700 et 800 francs Cfa. De deux choses l'une : soit le prix va grimper anormalement sur le marché, avec des conséquences que l'on ne peut pas mesurer, soit ces entreprises mettent la clé sous le paillasson et laissent alors la place à la Sosucam, une entreprise dont l'agrément d'importation aurait pourtant expiré depuis 2005. Cet agrément avait été accordé à cette entreprise de manière particulière, tout comme autorisation avait aussi été donnée à d'autres entreprises locales pour l'importation du sucre : 7.000 tonnes pour la Soacam et 10.000 tonnes pour Horizon Commodities.
18 milliards de perte
L'entrée récente sur le territoire national de la quantité importée par Horizon Commodities a entraîné des remous au sein des employés de la Sosucam qui estime que, du fait de cette importation, sa production est en danger. La direction générale de Sosucam indique par ailleurs que cette importation intervient au moment où près de 36.000 tonnes de sucre sont en stock dans ses magasins. Selon les données du ministère du Commerce, la demande de consommation camerounaise en matière de sucre est évaluée à près de 200.000 tonnes par an. Un gap de près de 100.000 tonnes reste donc à combler, chaque année. Les équipements de Sosucam ne pouvant produire qu'environ 80 000 à 90.000 tonnes.
Cette entreprise ne peut combler le déficit que par l'importation du sucre en provenance de certains pays de l'Amérique latine et d'Asie.
Certaines informations font plutôt état du Congo comme source de provenance de ce sucre importé. Des chiffres fournis à la direction générale des douanes permettent, par ailleurs, de dire que la cessation des activités des importateurs pourra faire perdre à l'Etat entre 12 et 18 milliards de francs Cfa. Autant de subtilités qui ont amené certains analystes à se poser des questions sur l'authenticité de la menace de grève des employés de la Sosucam. Officiellement, le préavis de grève était une réaction à une décision de la direction général de Sosucam visant à réduire les effectifs (300 pour certaines sources, 1000 selon le communiqué de Jean Marie Zambo Amougou, Secrétaire général de la Confédération syndicale du des travailleurs du Cameroun (Cstc). Avec à la clé, la baisse des salaires de 10% assortis de la cessation des investissements de cette entreprise.