1er adjoint au maire de Ngaoundéré 3e, universitaire, il explique pourquoi certaines communes connaissent autant de difficultés de gestion.
Comment s’opère le recouvrement des recettes à Ngaoundéré 3e ?
Une bonne partie des recettes attendues provient des avances que nous fait le Feicom, au titre des centimes additionnels, ce qui nous permet de couvrir les frais de fonctionnement. La Commune étant nouvellement créée, nous nous trouvons dans l’obligation de recourir à des emprunts à moyen ou à long terme.
Ville universitaire, notre localité ne connaît pas beaucoup d’activités génératrices de recettes pour la commune. Le paysage des potentiels contribuables est composé de paysans et de petits marchands qui animent le marché du dimanche à Dang, de quelques vendeurs et autres petits opérateurs économiques installés sur les abords de l’unique axe routier qui traverse notre commune. Nous avons, au titre des recettes propres, misé sur la taxe à bétail et sur l’impôt libératoire applicable aux mini-cités des zones de résidences universitaires. Notre déception est grande aujourd’hui, au regard des résultats que nous avons dans nos cahiers de comptes. S’agissant de la taxe à bétail, le taux de recouvrement tend vers zéro : les éleveurs, pourtant très nombreux ne sont pas toujours disposés à déclarer l’existence de leurs troupeaux. L’absence de ferme localisable ne rend pas la tache facile aux agents de recouvrement de la Mairie.
Le recouvrement de l’impôt libératoire dans les mini-cités n’est non plus chose facile : plus de 80 % des propriétaires de ces logements pour étudiants n’habitent pas la localité. Il est alors difficile de les rencontrer pour leur demander de s’acquitter de leur devoir fiscal. Le taux de recouvrement de ce côté-là est également très faible. Depuis quelques jours, nous avons lancé une vaste opération de recouvrement forcé dans les minis cités. Nous procédons alors à la pose des scellées sur une ou deux chambres non occupées par des locataires. La technique marche assez bien : une fois les portes scellées, le contribuable se manifeste aussitôt.
Un avis sur la polémique liée à l’obligation des maires de résider dans leur circonscription de compétence…
Je m’inscris tout de suite en contradiction avec ces maires, réunis au sein de l’Association des Communes et Villes Unies du Cameroun (Cvuc) qui trouvent à redire lorsque le ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation leur demande de se soumettre à la loi qui les oblige à résider dans le ressort territorial de leur commune. La loi est bonne ou mauvaise : on s’y soumet d’abord. Un maire est appelé à gérer quotidiennement les affaires de la cité. Il est chargé de faire respecter les lois et les règlements dans sa commune ; il est autorité de police, de jour comme de nuit ; il doit établir les actes d’état civil et les certifier… Le maire assume une fonction publique essentiellement de proximité. Depuis la réforme de la décentralisation survenue en 2004, les multiples missions assignées au maire sont telles que le fonctionnement d’une mairie prendrait un sérieux coup si l’autorité municipale n’est à son poste que le week-end et les jours fériés. Malheureusement, beaucoup de nos communes, surtout celles situées en zone rurale, souffrent de l’absence permanente des autorités municipales qui n’y résident pas. Il faut dire qu’ils sont nombreux au Cameroun, ces citoyens qui deviennent maires, juste pour gonfler leurs cartes de visite, dans le dessein de se donner l’image fausse d’hommes politiques. Le poste de maire est alors vu et utilisé comme tremplin pour un poste plus important et non électif au sein de l’appareil étatique. Le titre de Maire, bien que ne conférant juridiquement aucune immunité ou privilège spécial, est mis à profit, dans un contexte camerounais, comme instrument de trafic d’influence dans les circuits de promotion économique et sociale.
mboasawa
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