Marafa énerve le Rdpc


Le ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation aurait agi sans consulter la hiérarchie de sa famille politique.

Quelques semaines avant que le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation (Minatd) ne signe l’acte de suspension de certains maires de la République pour incompatibilité et refus de démissionner, les hauts responsables du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) avaient longuement échangé sur cette question. C’était à l’occasion d’une réunion de coordination du secrétariat du comité central qui s’est tenue en début février 2009 au siège de ce parti au Palais des congrès de Yaoundé. Des hauts cadres du parti au pouvoir au Cameroun avaient manifesté leurs réticences sur la démarche du ministre d’Etat Marafa Hamidou Yaya de suspendre de leurs fonctions les maires qui ne voulaient pas se conformer à la loi. Beaucoup avaient alors souhaité que le dossier soit traité avec “ la plus grande subtilité politique possible. Le Rdpc ayant le plus grand nombre de maires au Cameroun ”, pour rependre le commentaire d’un collaborateur du secrétaire général du comité central du Rdpc.
Il continue son propos en affirmant qu’“ il y a un fait de respect de la loi. Nous sommes d’accord. Mais il y a aussi un fait d’interprétation de ladite loi. D’abord, pour ce qui est de la résidence des maires dans leur localité, la plupart des maires Rdpc ont un domicile ou alors une résidence dans leur commune. Même s’ils n’ont pas toujours le temps d’y être tous les jours. Et puis qui, véritablement en ces temps difficiles où beaucoup se débrouillent, pourrait vraiment être permanent à son domicile dans sa commune ? C’est bien à ce niveau que se situe la question. Ensuite, pour ce qui est de l’incompatibilité, là aussi, le ministre d’Etat aurait dû écouter la vision globale du parti. Nous sommes aujourd’hui bien embarrassés vis-à-vis des militants qui ont généreusement accepté de se mettre au service du parti à travers la gestion des collectivités locales décentralisées ”.
En tout cas, si le secrétaire général du comité central du Rdpc, René Emmanuel Sadi, et tout son staff ne se sont pas encore prononcés officiellement sur cette affaire de limogeage des maires par le Minatd, dans les coulisses, la question préoccupe les cadres du Parti des flammes. “ Je ne veux surtout pas émettre un jugement de valeur. Dans le contexte actuel de modernisation du parti tel que le secrétaire général du comité central du Rdpc l’a entrepris, il y a des luttes de positionnement. Et parfois même des coups bas. Mais ce que je peux dire sans aucun risque de me tromper est que le ministre d’Etat Marafa a agi dans ses prérogatives. C’est son droit. Mais sur le plan politique, il y a un problème. Les maires qui sont aujourd’hui suspendus sont des maires du Rdpc. Et un maire est d’abord un homme politique. Le ministre est aussi, au-delà de la technicité de sa fonction, un homme politique. Et pour son cas, il est militant et haut responsable du Rdpc jusqu’à preuve du contraire. En principe, avant de prendre une décision aussi grave que celle de limoger des maires, quelle que soit la pertinence des raisons, il devrait au moins prendre le sentiment de son parti. Parce que maintenant, le parti peut se sentir poignardé dans le dos. Et c’est bien dommage pour les futures échéances ”, explique un autre cadre du comité central du Rdpc.
Dans l’entourage du ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, on veut absolument rester serein. “ Comprenez que le ministre d’Etat ne peut pas laisser la loi être violée. Il a pris le temps de prévenir les différents acteurs. Y compris les acteurs politiques. Maintenant il est temps de passer à l’acte. D’autres suspensions arriveront certainement ”, indique-t-on au Minatd
 

Par Jean François CHANNON


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