Bafoussam : Le secteur informel abandonné


En cette veille de la célébration de la fête du Travail, les petits commerçants inondent les rues, sous le regard indifférent des autres acteurs.

Les travailleurs des différents secteurs d'activité se mobilisent pour commémorer la prochaine édition de la fête nationale du travail, demain, à Bafoussam. Ladite cérémonie, telle que annoncée dans sa phase d'exhibition, se déroulera à la place des fêtes du chef-lieu du département de la Mifi, sous le regard de tous ordres, aussi bien administratives que syndicales. D'ailleurs, la délégation régionale du Travail et de la Sécurité sociale à l'Ouest, annonce des innovations. Elles portent, entre autres, sur le défilé des employeurs. Le hasard a voulu que cette fête coïncide avec l'élection des délégués du personnel dans des entreprises, notamment dans le département de la Mifi, où l'on a assisté le 28 avril dernier à l'élection des délégués du personnel à la Station régionale de la Crtv-Ouest.

Plusieurs réunions se sont multipliées ces derniers temps, sous l'instigation de la délégation régionale du travail, pour donner une autre dimension à une fête qui s'annonce dans un environnement économique et financier morose. Surtout qu'on note un faible engouement des entreprises vers les médias. Le thème choisit pour cette année est : "Protégeons les travailleurs par une sécurité sociale pour tous".
En rapport avec l'environnement local, le délégué régional du Travail et de la Sécurité sociale à l'Ouest, Dieudonné Takondjou, situe le contexte: "Ce thème vient à la suite d'un constat selon lequel les travailleurs sont divisés en deux types: Ceux du secteur formel et ceux du secteur informel. Les travailleurs du secteur informel sont comme abandonnés à eux-mêmes. Je prends l'exemple des petits commerçants. Il est question, dans ce contexte, de voir comment élargir la sécurité sociale au niveau des travailleurs du secteur informel, d'autant plus que ceux du secteur formel sont dans leur grande majorité déjà sécurisés ".

Syndicats
Une place de choix a été consacrée et même réservée aux travailleurs du secteur informel, en ce sens que des vendeurs à la sauvette aux ''bayam salam'', en passant par les conducteurs de moto-taxis, seront de la fête. L'implication de nombreux syndicats des travailleurs n'a pas été en reste. Cela semble se justifier par leur présence abondante dans le fichier d'inscription des défilants. Ces syndicalistes n'ont pas été assez visibles ces jours. Au siège de la Fédération des syndicats autonomes du Cameroun, branche de l'Ouest, on n'a rencontré personne pour en parler. Il en est de même à l'Union générale des travailleurs du Cameroun. Toutefois, la célébration de demain, vendredi 1er mai 2009, à Bafoussam intervient au moment où la situation du marché de l'emploi laisse transparaître que le secteur informel y a le vent en poupe. D'après un rapport du Fonds national de l'emploi (Fne) présenté en novembre 2006, la prédominance du secteur informel se situe à 93,1% dans la région de l'Ouest. Malheureusement, ces détails ne permettent pas de décrire la réalité du fonctionnement du marché du travail dans cette région.

C'est que, face à la rareté d'offres d'emplois, les chercheurs d'emploi sont le plus souvent contraints d'accepter n'importe quelle proposition. Même celles pour lesquelles on n'utilisera pas pleinement leurs qualifications. Pareillement, relève l'étude susmentionnée, ils acceptent n'importe quel salaire. Pour beaucoup, la règle est d'avoir un emploi d'abord. "A défaut de me retrouver dans une entreprise où je pourrai bien gagner ma vie, mes parents m'ont aidé financièrement à acquérir une quincaillerie ambulante. Ça me permet au moins de ne plus flâner au quartier et d'entretenir ma petite famille", explique Georges Mbougnia, titulaire d'un Bts en action commerciale, obtenu il y a cinq ans, dans un institut supérieur à Bafoussam.
Les experts du Fne sont arrivés à la conclusion selon laquelle, le secteur informel fournit le plus grand nombre d'opportunités d'emploi. Il concentre neuf emplois sur dix. Le secteur formel ne comptant que 1/10e des emplois sur l'ensemble du
territoire.

Robert Nkaké (Stagiaire)


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