Presse quotidienne : Tabloïd ou journaux en ligne


Bien que disposant de site sur la toile, aucun quotidien camerounais ne dispose de rédaction internet.
Lindovi Ndjio (Stagiaire)

L’internaute qui s’aventure sur les sites internet des quotidiens camerounais découvre que le journal mis en ligne est pratiquement une copie conforme du journal papier. La fréquence de mise à jour des informations est calquée sur la périodicité du journal papier. Ainsi, les week-ends, le site internet du journal garde les mêmes informations jusqu’à la prochaine publication. A quelques différences près sur le journal tabloïd et celui publié sur le net, ce sont les mêmes rubriques, les mêmes informations et la même équipe. Il en est ainsi aux quotidiens La nouvelle Expression et Le Jour, bien que cette dernière publication dispose d’un rédacteur en chef internet.

Cameroon tribune, le quotidien gouvernemental ne fait pas exception, malgré une légère différence. "Ce que nous mettons en ligne n’est autre que l’information contenue dans le journal papier", confesse Jean Baptiste Essissima, webmaster à Cameroon Tribune, qui ajoute cependant qu’avec trente deux pages, le quotidien gouvernemental est trop volumineux pour être remis intégralement en ligne. Ainsi, le webmaster est, par ailleurs, chargé de sélectionner les articles à mettre sur la toile. "Je le fais en fonction de la contenance et de la pertinence des articles", précise-t-il.
A la fin des articles est prévue une boîte pour les réactions des internautes. Mais elle ne fonctionne pas régulièrement. Ce d’autant plus que, dans la plupart des cas, le webmaster est l’unique interlocuteur entre le journal et les internautes, ainsi que l’affirme Jean, Baptiste Essissima de Cameroon tribune : "C’est moi qui reçoit toutes les réactions des internautes et y apporte toutes les réponses si nécessaire. Quand le message est ciblé, c’est-à-dire adressé à un journaliste précis, je le lui transmet ; et c’est à lui de répondre".

Au quotidien Le messager, l’on a également choisi de sélectionner uniquement quelques articles du tabloïd pour mettre sur internet. Selon le rédacteur en chef de Le Messager, à qui il revient la tâche de sélectionner les articles à mettre à la disposition des internautes, "un choix judiceux des articles qui doivent être diffusés sur le net" est indispensable, compte tenu de l’hétérogénéité du public à atteindre. Ce qui, selon lui peut justifier l’implication personnelle du patron de la rédaction et non du webmaster uniquement. A en croire Alexandre Djiméli, en dehors de la diffusion sur le net d’une seule partie des articles parus dans Le Messager format tabloïd, l’autre différence entre les deux supports réside dans "le mode de diffusion". Deux modes qui imposent également des timings différents.
En effet, dans la plupart des quotidiens camerounais, alors que le support arrive dans les kiosques le matin, les internautes peuvent déjà découvrir une partie ou tout le journal sur la toile la veille,dans la nuit. Selon divers avis émis par les responsables desdits journaux, ce choix est dicté par la spécificité du métier de webmaster dans ces journaux que l’on pourraient bien qualifier de tabloïd en ligne : le travail du webmaster de commence qu’après la finalisation du journal papier.

Diaspora
De l’avis des responsables des quotidiens approchés par Mutations, la reproduction du contenu du journal papier sur internet va en droite ligne du premier objectif visé au moment de la création des sites. Selon Valentin Siméon Zinga, le rédacteur en chef du quotidien La Nouvelle Expression, au départ, "notre objectif principal était de diffuser l’information au-delà de ceux qui ont accès au support papier, d’élargir le lectorat". Pour Jean Baptiste Essissima la mise en place du site du quotidien gouvernemental n’avait pour unique dessein que "de faire lire Cameroon Tribune au plus grand nombre de personnes, faire partager le quotidien du terroir à la diaspora". La même rengaine est entonnée par, Alexandre Djiméli, qui ajoute que la mise en place d’un site internet de Le Messager obéissait aussi "surtout poursuivre une mission de développement des produits de l’entreprise, pour rester en phase avec le standard mondial."

Des standards mondiaux dont la tendance est de plus en plus à la création de véritables rédactions internet (lire interview ci-contre), compte tenu des exigences de l’écriture en ligne. Une donne à laquelle les responsables des quotidiens camerounais tardent encore à s’arrimer. A La Nouvelle Expression (Lne), par exemple, l’on promet simplement de "rendre plus vivant son site internet". Si à Lne l’on n’a pas véritablement l’ambition de créer toute une rédaction internet comme cela est envisagé depuis plus d’un an à Cameroon tribune, Valentin Zinga promet cependant que le site de La Nouvelle Expression "sera beaucoup plus interactif" dans les jour à venir.

En rappel, la presse quotidienne camerounaise aurait pu avoir son premier journal en ligne vers la fin des années 90. L’on se souvient que Venant Mboua, entre 1998 et 1999 avait été recruté, entre autres raisons, pour gérer le journal en ligne de Le Messager, qui ne devrait pas se contacter d’être une reproduction du tabloïd. L’actuel rédacteur en chef du journal de Pius Njawé explique l’échec de ce projet par "les difficultés financières". Par ailleurs, à sa création, Le jour d’Haman Mana n’a pas hésité à afficher les mêmes ambitions, en nommant une fois de plus Venant Maboua au poste de Rédacteur en chef du journal en ligne. Pour le moment, rien ne filtre sur le cahier de charges de celui-ci. Et comme Le Messager, La Nouvelle Expression, Cameroon tribune, etc. le tabloïd continue d’être partiellement ou entièrement reproduit sur internet.

mboasawa

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