Le fondateur de Radio Reine qui a relayé au Cameroun l'information sur les vacances présidentielles regrette cette diffusion.

M. l'abbé Jean-Marie Bodo, fondateur et patron de Radio Reine à Yaoundé, ne quittera pas la communion fraternelle des médias catholiques. Sa radio diffusera toujours les émissions de Radio Vatican. Pareillement, il ne pense pas que Paul Biya a "gaspillé l'argent du Cameroun". C'est pour lui, le fin mot de l'histoire déclenchée par la diffusion au Cameroun, à travers les ondes de Radio Reine, cette Fm pionnière dans l'audiovisuel privé, de l'enquête d'Anthony Torzec, un correspondant de Radio Vatican qui a provoqué une polémique en révélant que le président Biya et sa suite passaient de luxueuses vacances en France, dans deux hôtels haut de gamme de La Baule.
Mais, en toute charité chrétienne, le prêtre de Mbankolo a tenu à exprimer à Radio Vatican et à Anthony Torzec, les raisons de son désaccord. "Quand une radio partenaire traite d'une information, qu'elle soit sensible ou non, nous devons en être informés dès lors qu'il s'agit du Cameroun où nous nous trouvons. Il peut en effet s'agir d'une information à compléter", a expliqué l'abbé Bodo qui assure cependant qu'il n'a pas jusqu'alors écouté les informations querellées.

"Je me trouvais occupé à célébrer la messe, quand cela a été diffusé. Des personnes m'en ont parlé après mais je n'ai pas pu retrouver l'article sur le site internet de Radio Vatican. J'attendais que l'on me l'envoie", a révélé l'homme d'Eglise. Dès lors, comment a-t-il pu raisonnablement se "désolidariser" de ce travail au moyen d'un communiqué qu'il a publié dans Cameroon tribune d'hier ? "Je cherche encore l'intégralité du texte, mais j'ai des bribes et des témoignages sur la démarche de l'article qui parlait des personnes. Je ne mets cependant pas en doute ce qu'il [Anthony Torzec] a dit. Il aurait toutefois rompu l'unilatéralité en discutant avec nous, on n'aurait pas alors diffusé l'article", assure Jean-Marie Bodo.

Pourtant, l'abbé qui est un ancien de Radio Vatican, ne veut pas par cette attitude couvrir les turpitudes supposées d'un homme puissant qui abuserait du bien public : "Pour enquêter sur les personnes en charge de la fortune publique, nous les invitons à la radio." Il ne pense même pas trahir la doctrine sociale de l'Eglise qui appelle les dirigeants à promouvoir le bien-être commun au lieu des dépenses futiles. Dès lors, il garde une distance prudente face aux chiffres qui ont mis le feu aux poudres : plus de 600 millions de Fcfa dépensés en trois semaines par Paul Biya et compagnie durant un séjour français. "Je ne balaie pas d'un revers de la main, la résonance financière que vous évoquez. […] La confiance que je lui fait et qui est basée sur la connaissance que j'ai de lui, ne me permet pas de croire un seul instant qu'il est capable de gaspiller de l'argent pour le simple plaisir de le faire", a déclaré M. Bodo avant de conclure : "Je parle en mon âme et conscience…"

Jean Baptiste Ketchateng