Un jour de juin 2010, dans un grand hôtel de la ville rose, je confie un bout de papier à un réceptionniste. C’est une demande d’entretien adressée au père de la soul makossa. Quelques minutes après, ma demande me revient. Manu Dibango accepte en me renvoyant un joyeux « Avec plaisir », suivi de quelques notes de musique bien formées. La suite, on la devine devant l’homme au saxophone, toujours le mot qui invite sans peine à la discussion, comme en famille.
Le 12 juin 2010, discussion avec un organisateur, il me renvoie vers un manager, Lady Ponce est en concert à Toulouse. Grand hôtel, négociations, rendez-vous, l’artiste a aussi accepté de me recevoir.
23 H 30 ! Le manager ne répond plus au téléphone, personne d’ailleurs de la suite de la ponceuse. Dans les couloirs, une discussion aiguise ma curiosité : Caprices de star, elle vient de commander deux plats d’ailes de poulet. Le premier à consommer avant, le second après sa prestation. Elle est donc là.
Puisque personne ne répond, je décide de monter à l’étage où je me suis rendu dans la journée en reconnaissance, dans les mêmes chambres. Une personne me reçoit à la porte, ce n’est pas l’artiste.
Elle ne vous recevra pas, me dit l’homme, il fallait vous annoncer !
- Mais monsieur, j’avais bien pris rendez-vous !
- Je vous ai dit non, ayez la correction de partir. C’est par simple courtoisie que je vous réponds devant cette porte, vous n’entrerez pas.
- Je suis de la presse, voici ma carte.
- Monsieur, ayez, je vous le dis une dernière fois, la correction de partir, vous ne serez pas reçu. On ne vient pas comme vous le faites chez les gens, le réceptionniste m’entendra.
Sur ce, je décide de quitter les lieux en déclinant mon patronyme devant l’homme aux bermuda, t-shirt et pieds nus.
En réponse, il me lance un « Je suis le Docteur B.E ». Au revoir monsieur et soyez poli la prochaine fois.
Il me reste une chance au lieu du concert. Lady arrive à 03 heures du matin. Une chanson, puis une autre qu’elle n’a pas le temps d’achever. Un spectateur vient d’asperger d’eau la foule qui l’empêche de voir son idole. L’artiste prend peur et s’esquive derrière le comptoir, pour revenir un peu plus tard livrer deux autres succès, et voilà la ponceuse quittant la scène sur les notes de « Donné Donner » en lançant à ses fans : « Je vous aime beaucoup mais je suis fatiguée, je vais me reposer ».
Il y a deux ans environ, Lady Ponce promettait (par cette même plume) à ses fans toulousains qu’elle ne prendrait jamais la grosse tête. Elle ignorait probablement que d’autres pourraient se charger de lui en poser une sur les épaules. Si la fille demeure cette personne aux indéniables qualités qui font de grands artistes, il lui sera tout de même utile de ne jamais oublier qu’à cause d’un petit nombre qui entoure et conseille, l’on peut perdre ce public qui fait et défait les stars. Il se compose essentiellement de la communauté pour le moment. Une condition s’impose donc pour conquérir les cieux nouveaux : Rester soi, Lady Ponce. Les managers peuvent vous lâcher, les amours s’envoler, seuls votre art et cette incroyable voix léguée par votre mère vous demeureront fidèles. Mais à quoi serviront-ils s’il n’y a personne de votre public! Pour deux albums, la notoriété reste fragile et ce public, presque ethnique.
Merveilleuse organisation de Daniel Lobè, assisté de Guinette Mbang. L’actuel Président de l’association (ACAT ) des camerounais de Toulouse devient une référence en la matière. Ce jeune homme discret n’a pas failli durant les préparatifs et cette soirée qui a enregistré une immense foule de camerounais dans la salle des fêtes du Stade Toulousain. Ultime cadeau, comme un signe, une ravissante fille lui est née quelques heures après, dans une maternité de Toulouse.
Première partie de soirée tout aussi réussie du bordelais Samy 2T dont le passage rappelle plus que jamais Emile Kangue.
Mama Anne Marie Nzié, papa Jean Aladin Bikoko, André Marie Tala le public a besoin de vous ; mais où sont les tourneurs ?
Dans tous les cas, « PONCER » ou « PIONCER » devant la couronne de lauriers promise, LADY devra rapidement choisir.
Jean-Claude Nyoung
mboasawa
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