L'ambassadeur Joseph Bienvenu Charles Foe Atangana qui représente le Cameroun à Washington y va d'un ton serein lorsqu'il nous accueille au cinquième étage de l'immeuble IntelSat, à l'adresse 3400 International Drive. " Vous pouvez voir de vous-mêmes", nous lance le diplomate camerounais qui nous présente les locaux luxueux qui abritent désormais la représentation diplomatique camerounaise aux USA. "Ici, on gagne en sécurité et en confort", dit-il, fier en sachant qu'il apporte un démenti à une rumeur avancée par un article de presse d'un compatriote se larmoyant que l'ambassade du Cameroun à Washington était sans domicile digne de ce nom.
C'est depuis le tout début de ce mois de février que l'ambassade du Cameroun s'est établie dans ce nouveau quartier général. Le Cameroun, à en croire son ambassadeur à Washington était entré en négociation depuis un an environ pour avoir les clés de ces bureaux précédemment occupés pas le géant de la télécommunication IPSOS. D'autres pays comme l'Afrique du Sud, l'Ethiopie, le Surinam, le Honduras logent aussi dans cet immeuble d'IntelSat à Washington. À moins d'un événement imprévu, l'ambassade du Cameroun restera provisoirement ici, en attendant de réintégrer sa propriété actuellement en plein chantier de restauration.
Initialement, le Cameroun s'était donné deux ans pour réfectionner son siège connu de nombreuses personnes et nommé The Christian Hague House. Luc Foe Atangana et le reste des employés s'étaient alors installés provisoirement dans un immeuble appartenant à un certain Coloneli qui gardait un bon souvenir de son passage au Cameroun. Au bout du contrat de bail de deux ans, le Cameroun devait faire face à des difficultés sérieuses du fait que l'immeuble avait un nouveau patron et ce dernier entendait entrer en possession de son bien. L'ex-Secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton devra alors peser de tout son poids pour que le Cameroun ne perde pas davantage la face. Car le nouvel acquéreur semblait se permettre tous les coups quand il n'hésite pas d'introduire le sujet dans des salles de rédactions à Washington. C'est depuis d'ailleurs ces événements que l'ambassadeur Joseph B .C Foe Atangana dit s'être mis à la recherche de nouveaux locaux. Il dit alors être tombé sur le cinquième étage de l'immeuble IntelSat. Mais il faudra de la patience, le temps de voir IPSOS arriver en fin de contrat de bail et plier bagages.
Autant donc le dire, ce n'est pas dans les prochains mois que l'ambassade du Cameroun à Washington retournera dans sa propriété. Du fait que les travaux de réfection s'y déroulent encore. À en croire l'ambassadeur Joseph B.C Foe Atangana, un comité de suivi de ces travaux est piloté depuis la présidence de la République. Des membres de ce comité font de fréquents va-et-viens entre Etoudi et Washington, pour l'évaluation et le financement des travaux. Et pourquoi trois années après, les travaux de réfection de l'ambassade du Cameroun à Washington ne sont pas au bout? Il se trouve que tout a été à revoir sur le devis estimatif du départ. Croulant sous le poids de 107 ans, l'ancien château construit par un diplomate norvégien, est en effet très mal en point. Sa fondation est complètement assise. Comme si ce n'était pas assez, les techniciens en charge de la restauration se rendent compte qu'un incendie avait abimé ce château il y a plus de cinquante ans, avant qu'il ne tombe entre les mains de l'Etat du Cameroun. Avant de procéder à sa mise en vente, le propriétaire avait su maquiller les dégâts causés par ce feu. Aujourd'hui, le Cameroun doit payer une forte ardoise sauver complètement ce bâtiment qui vient d'être classé dans le patrimoine architectural de la ville de Washington. Du fait de cette entrée dans le patrimoine américain, le bâtiment ne doit subir aucune modification de son aspect externe. Cet état des choses amène certains visiteurs à croire que l'ambassade est vétuste, mal entretenue.
En attendant de revenir à " la maison ", il faut dire que l'ambassadeur ne se déplaît pas à l'immeuble IntelSat. D'abord il est fier de ne plus avoir à vivre sous un immeuble qui tremblait lorsque sur la route toute proche venait à passer un camion. Mis à part ce confort, il y a au bas de l'immeuble un service de sécurité qui ne paye pas de mine. Des agents privés en charge de garder l'immeuble ne tolèrent pas en effet la présence de toute personne qui ne figure pas sur une liste qui leur est livrée une journée plus tôt. Dans ces conditions, il quasiment impossible de faire le pied de grue devant l'ambassade. Ce n'est pas aussi ici le lieu de venir faire des marches pro ou contre le régime de Yaoundé. Pour tous ceux qui veulent bénéficier des services de l'ambassade, Foe Atangana conseille de ne pas se pointer à l'ambassade sans avoir obtenu un rendez-vous au téléphone. La sollicitation du visa d'entrée au Cameroun se fera par correspondance.
Les autorités américaines sont les premières à ne pas s'offusquer devant de telles mesures de sécurité dans des ambassades africaines. Ce qui vient d'arriver à l'ambassadeur gabonais Michel Moussa Adamo, les aura en effet suffisamment édifiés. Sorti pour faire face à des manifestants contre le régime de Libreville, l'ambassadeur s'était retrouvé étalé sur le sol après avoir été assommé par un gabonais du nom de Leon Obame, 41 ans, l'un des manifestants. Aux arrêts depuis son forfait, Leon Obame a été condamné le 18 janvier dernier à 21 mois de prison.
Célestin Ngoa Balla à New York
njanguipress.com