Manu Dibango : Seuls les imbéciles ne changent pas d'avis

A l'occasion du cinquantenaire de sa carrière, l'artiste évoque son différend avec la Cmc en 2005.
Propos recueillis par D.E.

Que vous inspire cette célébration organisée en l'honneur de vos cinquante ans de carrière par le chef de l'Etat?
Je suis content d'être là. Dans ces circonstances là on ne peut pas être malheureux. Je ne suis pas venu pour rien. Je suis venu pour un demi siècle de travail et puis, rencontrer une bonne partie des artistes camerounais apparemment heureux de vivre cela avec moi, ça fait du bien. Je suis heureux de célébrer ces cinquante ans de carrière. Le plus intéressant pour moi maintenant, c'est de savoir ce qu'on va faire demain.

Qu'est-ce que ce geste signifie pour vous?
Je pense tout simplement que l'on peut parler de la renaissance de la culture camerounaise. Voilà des choses qui sont intéressantes. C'est d'autant plus beau que l'on n'a pas attendu que je meurs pour me rendre cet hommage car généralement ces choses là, on ne les vit pas. On vous les donne à titre posthume. Je suis heureux de cette initiative car cela permet aux jeunes de garder espoir. De savoir que lorsque l'on reconnaît la qualité du travail, on ira très loin. Mais au-delà de tout, il faut que, entre nous, on sache ce que sont les reliefs, il y aura le respect et les choses pourront aller très loin. Ce n'est pas le don qui manque aux Camerounais.

Vous êtes parti du Cameroun en 2005 avec une vive polémique à la Cmc au cours de laquelle vous aviez déclaré que vous ne reviendrez plus au Cameroun. Qu'est-ce qui vous a fait changer d'avis?
C'était normal. Je suis égal à moi-même. Maintenant, je reviens. Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis. Il peut y avoir d'autres signes qui font que tu peux revenir sur tes idées. Comme j'ai l'habitude de le dire, chez moi, je ne mange pas deux fois le même plat. On peut passer à autre chose. Dans la vie, on n'oublie pas mais on passe à autre chose. Je pense que le Cameroun a beaucoup de personnes qui peuvent diriger la Cmc. Nous ne devons pas rester sur cette affaire.

Vos passages au pays sont si rares…
Mais je suis là (rire)! Le président de la République a estimé que c'était bien que le pays fête 50 ans de la carrière d'un de ses fils et ce qui est marrant c'est que ça fait cinquante ans que je fais ce métier et que ce soit justement à ce moment que c'est reconnu à un très haut niveau. Comme on dit d'habitude que nul n'est prophète chez soi. Cela ne s'est pas vérifié cette fois-ci. Et quand les autres artistes voient ce qui est en train de se passer, ils gardent espoir que tant qu'ils travaillent sérieusement, s'ils ont l'amour du travail bien fait et l'amour de leur pays, quelque chose de ce genre peut leur arriver. On peut pendant un demi-siècle vivre par et pour avec les bons et les mauvais moments car une carrière se fait en dents de scie. C'est fait de bons et de mauvais moments et ça c'est quand on a survécu à tout ça et on est suivi par de nouvelles générations.il faut bien mettre les choses là où elles sont à ce niveau-là, il y a un mot qui revient toujours: le respect des uns et des autres. Tant que ce respect là n'existera pas, on n'avancera pas.

mboasawa

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