Yette Horty : Un carton rouge aux jaloux

Son premier album est un cocktail de musique d'influence étrangère.
Eric Roland Kongou



Si l'on se fie aux dizaines de messages de félicitations et d'encouragements de gros calibres de la musique africaine qui abondent sur son site Internet, on lui donnerait le paradis sans confession. Tenez ! Prince Erika, Kool Bass, André Manga, Ra-Syn, Teek Nanga, etc. De tous ces admirateurs, c'est Namor, une chanteuse de Marseille (France) qui est littéralement tombée en pâmoison : " j'ai beaucoup aimé la vidéo et la chanson ''souffrance'', écrit Namor. Le son est excellent, le rap est nickel. Tu as une très belle voix… et la vidéo est de bonne qualité. Ça va marcher, j'en suis sûre !!! ".

En effet, le premier album de Yette Horty baptisé " Jalousie " est une compilation de huit titres dont deux remix. La chanson (et même la vidéo) la mieux réussie est incontestablement le titre " souffrance ". Un mélange de rap et de mélodie sud-africaine qui s'écoute aussi bien qu'elle se danse. " Souffrance ", qui est chanté en bassa, français, francamglais, parle de la pauvreté au Cameroun et dans le monde. La version mix qui met un accent particulier sur le rap (chanté par Frangin du Blede) impressionne autant qu'elle est alléchante. C'est sans doute la raison pour laquelle, à en croire le manager de Yette Horty, qui est en même temps son compagnon, un producteur français veut absolument produire le single de " souffrance " pour le marché européen. Ces supports seront distribués dans tous les circuits commerciaux (Fenac, Virgin, ...) avec une promo adaptée.

Par ailleurs, même si Yette Hroty, de son vrai nom Hortense Ngo Yeck, a grandi dans l'assiko du pays bassa, elle s'est ouverte aux influences musicales non seulement africaines (Côte d'Ivoire, Congo, Afrique du Sud…) mais aussi mondiale (Inde, pop anglaise…). " Amour sans frontière " est une rumba congolaise, " mon amie " est un métissage de Kwaito Sud africain et de la pop anglaise. On retrouve du makossa, du hip hop et du coupé décalé dans "mon amour". Tout comme l'assiko et le bollywood (Inde) qui sont la couleur musicale de "l'homme". Seule la " jalousie " qui " ne sert à rien " est un makossa. Et même qu'à ce niveau, l'artiste retombe inéluctablement dans du… coupé décalé. " Je suis profondément attachée à mon pays mais je me suis rendu compte que le makossa ne se vend pas à l'international. Et comme j'ai l'ambition de faire une carrière mondiale, je me suis ouverte à d'autres influences musicales ".

Au-delà de cet ancrage français, le premier album de Yette Horty comprend des déchets dont les mélomanes se passeraient bien volontiers. A l'instar de ces noms de copains, d'amies, de famille qui sont scandés en boucle sous la formule dédicace, très chère certains musiciens camerounais. Tout comme on reste sur sa faim sur les différents thèmes abordés où l'artiste ne fait que les effleurer en passant, privilégiant davantage les animations. Elle va même plus loin en prenant un accent ivoirien. Dans ce premier album, on a de la peine à classer l'artiste, née en 1981 à Yaoundé et qui a grandi à Pk12 à Douala, dans un registre tant elle se disperse dans plusieurs rythmes. Au-delà de ces limites inhérentes aux débutants, celle qui avoue avoir appris la musique dans sa salle de bain et son salon devra se dépouiller "des camerounaiseries" pour réaliser son rêve de ressembler aux grands artistes camerounais comme Manu Dibango ou Richard Bona.

mboasawa

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