Un sourire, une voix …

Ainsi donc, la Nation a rendu un vibrant hommage au dieu vivant qu’est Manu Dibango. Et le souffle de cette célébration n’était pas encore retombé que l’un des fils spirituels de l’icône quittait la scène. Définitivement. Ainsi est mort Tom Yom’s.



Il aurait été si heureux de voir ça de ses yeux, Manu célébré par la plus haute autorité de l’Etat et par le peuple après que certains eussent tenté de salir son image. « Je croyais que nous les artistes, nous savions qui est Manu, je me rends comme compte que non. Manu vit entre les avions et les palaces de ce monde depuis plus de trente ans et on veut salir l’un des meilleurs vendeurs de l’image du Cameroun pour une histoire de billet d’avion… » Et comme pour bien te faire comprendre, tu as conclu : « j’ai honte ». Et pour une fois, depuis plus de vingt ans et une rencontre fortuite dans les coulisses d’un spectacle foireux que tu essayais de sauver, j’ai vu à quoi ressemble ton visage sans cet éternel sourire. Tu étais touché, choqué.

En rassemblant autour de lui des artistes de toutes les générations et de tous les tempéraments, Manu a pensé à toi. Mais tu ne pouvais être à ses côtés. Hélas ! Et pourtant, il aurait bien voulu te présenter comme l’un de ceux qui tiennent la musique camerounaise, sur la scène et dans les coulisses. Des hommes et des femmes qui ont voyagé, qui se sont frottés à d’autres expériences, qui ont acquis un savoir-faire… Nkodo Si Tony, Lapiro de Mbanga, Toto Guillaume, Sally Nyolo, Henry Njoh, André Marie Talla, Henri Dikongué, Richard Bona et quelques autres portent haut le flambeau de la musique camerounaise. Ils ont le mérite d’avoir, comme toi, travaillé longtemps dans l’ombre avant d’apparaître enfin à la lumière de la scène.

Dans cet univers, tu as combattu. Tu as montré ta créativité en offrant des musiques si entraînantes, si dansantes. Tes duos avec tant d’artistes ont montré à quel point tu savais t’adapter. Tu as également travaillé à faire découvrir des talents comme les Bantous Possi. Tu as mis en place une radio musicale, outil de promotion de la musique. Tu as contribué au lancement des Journées camerounaises de la musique, un travail de fond. Tout cela, tu le faisais avec une telle humilité. Bondissant sur la scène, hyperactif dans la coulisse, tu rasais presque les murs dans la vie.

La maladie a eu raison de ton corps. Mais tu nous laisses cette voix chaude qui savait aller chercher très haut. Gravée pour l’éternité dans « Pona Pona » et son roulement de tambour en entrée. « Trésor » et « Missodi », ces slows où tu transmets puissamment tes émotions ; ou encore ta reprise réussie de « Malaïka », « Lolita » et « Sakani » qui valorisent les rythmes du terroir. Et puis, tu as ouvert ton cœur à Dieu. Tu as chanté pour sa gloire (Kristo a tondi Mba).

Alors Tom, de là haut, chante, chante encore et toujours, aux côtés d’un de tes maîtres, Eboa Lottin…


R. D. LEBOGO NDONGO


mboasawa

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