Des Camerounais à l’école du jazz contemporain

Du 7 au 11 août, une trentaine de chorégraphes camerounais ont pris part à un atelier. Il s’agissait pour le Français Frédéric Gausseres, de leur apporter la précision du geste.

“ Manque de collaboration entre les hommes ; pédophilie ; pratique des gris-gris ; le sida qui nous empêche de nous connaître ; l’exploitation des danseurs par les musiciens ; l’injustice des hommes envers les femmes et même la journée internationale de la femme ”. C’est fou, toutes ces choses qui énervent les jeunes Camerounais. Les spectateurs présents au siège de l’Association Meka, le vendredi 11août ont pu le découvrir. C’était à travers la représentation d’une pièce intitulée “ Moi ce qui m’énerve ”. Ce spectacle est le fruit d’un atelier de cinq jours, animé par Frédéric Gausseres. Ce Français de Lyon est venu apprendre aux chorégraphes camerounais la précision du geste sur scène. A travers les techniques du jazz contemporain.
Pour montrer qu’ils ont compris quelque chose aux enseignements reçus, Frédéric propose à ses étudiants de mettre sur pied un spectacle. Les stagiaires sont invités à puiser au fond d’eux-mêmes. “ Une partie du travail que j’ai fait avec les danseurs était de travailler leur expression, leur interprétation. Pour ça, il fallait parler de leur vécu, de ce qui les touche personnellement. Je leur ai proposé cet atelier où, ils devaient improviser une pensée ”, explique Frédéric G. Ce passionné de la danse est surpris par la réponse de ses élèves. “ La moitié d’entre eux a répondu : “Moi rien ne m’énerve”. Alors, je me suis dis que cela n’était pas possible. On a discuté des problèmes dans le monde, au Cameroun, à Yaoundé, dans leur vie. Ils ont enfin osé communiquer ”. De cet entretien émergent des problèmes. “ Et comme c’était le problème fondamental de cet atelier, eh bien c’est devenu le thème de la pièce ”.
Le Français est le premier surpris du résultat sur la scène. “ C’est extraordinaire avec 30 danseurs d’atteindre ce niveau d’expression forte, sincère ”, s’exclame-t-il. Avant d’ajouter : “ jamais je n’aurais pensé pouvoir y arriver. C’est la première expérience de ma vie aussi efficace. En cinq jours, à raison de cinq heures de travail par jour, nous sommes arrivés à présenter un extrait d’une qualité véritable pour moi ”. Bien avant cette représentation de dix minutes environ, ces jeunes à l’instar de Bertrand Moada, issus de différentes compagnies, ont présenté des extraits de leur création propre. Question de montrer qu’au Cameroun, la danse est dynamique. Divers thèmes ont été abordés : amour, expression de la vie quotidienne du paysan. Les danseurs se sont exprimés aussi bien en français qu’en langue locale. Afin d’ “ aiguiser la curiosité des spectateurs ”, précisent Jean martin Zeufack et J.B Mbida. Jusqu’à la clôture, les danseurs ont bénéficié du soutien musical de Joseph Wamba et Patrick Bessong.
A l’origine de cette formation se trouve Yves Eya’a. Professeur de danse traditionnelle à Lyon en France. Ce Camerounais de 26 ans a créé en 2005, une association. Abok, a pour but de mettre en place des structures pour offrir aux danseurs camerounais de meilleures conditions de travail.  

Par Nadège Christelle BOWA
Le 17-08-2006

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