Développement : Yves Wamba s’attaque aux chefs d’Etats africains

L’auteur souligne, entre autres problèmes qui minent le continent, la trop grande dépendance de ces dirigeants vis-à-vis de l’extérieur.
Lazare Kolyang





A quelques exceptions près, les écrits de Yves Wamba, auteur du livre " Sortir du mal développement " paru aux éditions Tambour en janvier 2008 peuvent s’appliquer à n’importe quel chef d’Etat africain. Des arguments, et même des faits que les peuples africains vivent au quotidien. Illustration : " le fait que les dirigeants africains investissent rarement dans leur pays, qu’ils y passent difficilement les vacances, que leurs enfants fréquentent à peine les écoles du pays, montrent à quel point ils se sentent étrangers à ce pays dont ils ont la responsabilité ", indique l’auteur de cet essai de 86 pages. Un ouvrage divisé en deux parties : une première réservée au décryptage du phénomène de la mal gouvernance dans les pays africains, et une seconde partie qui propose les voies de sortie de cette situation. Dans cette panoplie de facteurs qui font qu’après quarante ans d’indépendance marqués notamment par des politiques d’aide au développement des puissances étrangères à l’égard de l’Afrique, Yves Wamba pense que la part des dirigeants africains est très marquée.

L’auteur fait remarquer que " le pouvoir moderne se présente en Afrique comme une arme de jouissance dans la mesure où le chef s’arroge le droit sur tout pour en faire tout ce qu’il veut. C’est ce qui explique que malgré les problèmes qui devraient faire mincir d’insomnie les dirigeants africains, ceux-ci rayonnent de vie sans donner l’impression de savoir dans quelle misère croupit le peuple ". Loin de renforcer l’effectivité du pouvoir du président de la République sur l’ensemble du territoire et des couches sociales, son attitude à s’imposer comme le seul coq de la basse cour ne fait que le fragiliser et l’affaiblir dans la mesure où le mécontentement qu’elle engendre le place dans une situation d’insécurité permanente. Conséquence, " ne pouvant compter sur ces hommes du terroir qui voient en lui un danger, le président s’abandonne aux forces étrangères pour sa sécurité et la survie de son régime ".
Face donc à un chef qui ne supporte pas qu’on lui fasse de l’ombre, personne n’ose prendre des initiatives novatrices et positives en faveur du pays et des populations. " Tous les maillons du système se sont mus en griots qui caressent le président de la République dans le sens du poil. Parce que le pouvoir use, une fois usé, on ne peut qu’en abuser, surtout quand on est convaincu, comme c’est le cas dans la plupart des pays africains, de jouir d’une puissance infinie sur le pays et sur le peuple ", écrit-il.

Le Changement de régime espérer de la démocratie butte encore sur cette toile d’araignée politique où des réseaux qui convergent sur le président de la République garantissent la survie du régime, pas par amour pour le président de la République, qui apparaît de plus en plus comme un otage des prédateurs, ni par amour pour ce pays où l‘immobilisme politique ne cesse de précipiter le peuple dans les affres de la misère, mais simplement pour protéger leurs intérêts personnels. En s’intéressant ainsi abondamment au comportement des chefs d’Etats africains, l’auteur trouve un argument sérieux pour contredire une pensée bien répandue. " Quelqu’un a dit un jour que chaque peuple a la classe politique qu‘il mérite. Ce qui n’est pas vrai en Afrique dans la mesure où la classe politique, qui s’est complètement détachée du peuple, use de tous les moyens de pression pour s’imposer auprès de ce peuple et pour l’assujettir aux volontés des forces étrangères qui garantissent son pouvoir et la survie du régime ", soutient Yves Wamba qui est aussi l’auteur de " L’itinéraire d’un roi ", " Les enfants de l’indépendance ", " Les chefferies Bamiléké : Kamga II : Roi de Bandjoun de 1925 à 1975 ", tous parus aux éditions Tambour entre 1995 et 2000.

mboasawa

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