Eugène Dipanda
Y a qu'à voir la composition de l'équipe artistique pour avoir une idée de la qualité de l'œuvre. Pour la toute première production musicale de sa carrière, Stella Mouna semble, en effet, avoir voulu frapper un coup. Tenez : Toto Guillaume à la guitare, Jean Claude Naimro aux claviers, Guy Nsangue à la basse, Doddy Drums aux percussions, et une certaine Charlotte Dipanda aux chœurs. Bref, le genre de crème dont chaque artiste en rêve pour les orchestrations. Un regroupement de talents vocaux et instrumentistes, qui donne une sorte de singularité à "Essewe", le titre de l'album. En parlant d'Essewe justement, ce rythme traditionnel bien connu des peuples de la côte camerounaise et dont Stella Mouna est ressortissante, est celui sur lequel s'appui la jeune artiste pour propulser sa carrière. Comme pour confirmer son choix aux mélomanes, deux chansons de l'album portent d'ailleurs le même titre ("Essewe") ; quoique l'un soit le rythme traditionnel pur et l'autre, une fusion réussie de makossa et R&B. "Dans l'univers musical, je ne sais chanter que l'essewe, la musique de nos ancêtres, celle qui coulent dans nos veines. L'essewe nous soutient dans nos chants, parce qu'il est la base de beaucoup de musique", confie Stella Mouna. Laquelle, dans le fond, magnifie l'amour ("Onguèlè", "Ndol'am", "Nya Mulema"), décrie la vanité des Hommes ("Bene to nje") et l'infidélité ("Trahison"), remet les berceuses familières au goût du jour et invite tout le monde à danser, à faire la fête avec elle ("Sekele").
Tradition
Mais dans ce premier album, l'artiste semble également vouloir dévoiler l'étendue de son talent. Pour s'en convaincre, les 14 titre de son album vont de l'essewe, évoqué plus haut, au makosa typique, en passant par ce qu'elle nomme le "R&B ethnic", , le zouk love, l'Afro-zouk, le dance hall, le reggae tone et même la rumba. "Issue d'une famille d'artistes de père en fils, Stella Mouna fait partie de la nouvelle génération de chanteuses dites à voix authentique. Son premier album de 14 titres est la résultante de quinze années d'expérience dans la world groove…", présente-t-on la chanteuse dans une note commise par ses promoteurs. Au regard de son parcours dans le show-biz, le premier album de Stella Mouna sonne, en effet, comme une consécration. Depuis son intégration précoce dans un groupe de musique local, "Mabwalo", l'envie de devenir une "vraie" artiste n'a pas cessé de l'animer. C'est donc logiquement qu'elle s'installe en France en 1990, alors qu'elle a à peine 20 ans. Depuis lors, Stella a fait du chemin, prêtant de temps en temps sa voix à la réalisation d'albums de ses confrères aînés, dont ceux de Guillaume Tell, son frère qui lui a mis le pied à l'étrier.
Sa maquette en poche, le déclic se fera cependant avec la rencontre qu'elle fait avec quelques arrangeurs célèbres de la place parisienne, à l'instar de Toto Guillaume et Karim Louisar, qui vont l'aider à peaufiner la préparation de son œuvre. Pour le reste, on remarquera dans le produit fini que très peu de place est accordé à la parlotte. L'instrument y est prépondérant, et la voix principale, un peu trop appliquée. Cerise sur le gâteau néanmoins, Stella Mouna bénéficiera, au cours de l'enregistrement, du soutien vocal de plusieurs artistes, dont un certain Missè Ngoh, qui n'aura pas résisté à l'appel de cœur contenu dans "Essewe". Un retour aux sources que Stella Mouna conseille d'ailleurs en des termes suggestifs : "n'oublions pas nos racines et nos ancêtres…".
fiche technique
Album : Essewe
Auteur compositeur : Stella Mouna (Esther Tell), avec Karim Louisar et Guillaume Tell
Nombre de titres : 14
Production : KME Prod
A écouter : Mun'am, Nya mulema, Sekele, Essewe
Invité: Missè Ngoh
