Penja-Njombé : Un seul mort au final



Un élève de 14 ans est tombé sous les balles des éléments du Gmi N°2 de Douala.
Lazare Kolyang à Penja et Njombé

En l’espace d’un mois, la famille Omang installée au quartier Haoussa à Penja porte le deuil pour la deuxième fois. Après le décès du chef de cette, Dominique Omang, le père, survenu en début d’année, les membres de cette famille ont été à nouveau douloureusement frappés depuis le 27 février 2008. Jean Pierre Bonang Omang, 14 ans, élève en classe de 4ème à l’Institution Georges Carver (Igec) de Penja a été froidement abattu par un policier du Groupement mobile d’intervention (Gmi) N°2, un détachement appelé en renfort et venu de Douala. «Mon petit frère ne faisait pas partie des manifestants. Il revenait de la route où il était allé acheter des beignets. C’est presque à l’entrée de la maison, sur une route secondaire, qu’il a été abattu», raconte l’aîné de la famille. «Nous avons perdu un grand footballeur», poursuit, avec un pincement au cœur, un conducteur de moto taxi, en indiquant au reporter de Mutations le lieu exact où était couché le corps inerte du jeune homme.

Au final, c’est donc la seule victime des émeutes qui ont touché cette localité du département du Moungo. «Deux autres blessés par balles se trouvent encore internés à l’hôpital Mont Koupé de Njombé», affirme un responsable de la morgue de l’hôpital de Penja où a été déposé le corps de Pierre Omang et celui de Patrick Aya, 15 ans, mort à Loum.
Mais comment la contestation populaire a-t-elle embrasé cette petite localité réputée très frondeuse? « Nous avons tous été pris au dépourvu. Les manifestants ont commencé à ériger des barricades des deux côtés de la route qui traverse la localité, du côté de la route qui vient de Douala et du côté de Nkongsamba», rapporte un témoin encore apeuré, samedi dernier, par la présence dissuasive des militaires venus de Nkongsamba.

«Les manifestants se sont d’abord attaqués aux militaires qui ont dû rebrousser chemin», témoigne un conseiller municipal de la mairie de Penja-Njombé. «La route a été barrée par une semi remorque. En essayant de dégager ces obstacles, les éléments du Gmi ont essuyé des jets de pierre de la foule. Il fallait qu’ils se défendent, sinon c’est eux qui allaient être lynchés», poursuit ce conseiller municipal qui a préféré garder l’anonymat. C’est après la mort de Pierre Omang que les éléments du Gmi ont été encerclés par la population en furie. Il a fallu l’arrivée des militaires pour les sortir des «griffes» de la foule. «Nous avons même beaucoup contribué à sécuriser les policiers», affirme l’un des membres de la famille du défunt.

Le bilan matériel de ces émeutes dans les localités de Penja et Njombé, séparées de quelques kilomètres seulement, quant à lui, est également lourd. La voiture d’un chef de 3è degré de Penja a été brûlée. Un camion de riz a été détourné et entièrement vidé de son contenu. De même qu’un autre camion chargé de planches a été dépouillé de sa cargaison. La société de production de banane, les Plantations du Haut Penja (Php), qui emploie de milliers de personnes, a aussi reçu la visite des malfrats. L’usine de conditionnement a ainsi été brûlée. Autant de scènes qui ne sont aujourd’hui que de vagues souvenirs à Penja où la vie a repris son cours normal. Mais les traces de tous ces objets de tous genres portés à incandescence restent encore visibles sur la nationale n°5 qui relie Douala à l’Ouest du pays.

mboasawa

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