Les responsables de La Foncière Sarl condamnés à 25 ans de prison ferme chacun, avec mandat d’arrêt à l’audience par le Tribunal de Grande instance du Mfoundi dans l’affaire du Crédit foncier ne se trouvent pas à la maison d’arrêt de Kondengui.
Samedi 12 juillet 2008. Il est une heure du matin au Palais de justice de Yaoundé Centre administratif. La lecture du verdict de l’Affaire Crédit foncier du Cameroun (Cfc) débuté la veille, vendredi 11 juillet à 11h, vient d’être clôturée. Dehors, non loin de la salle d’audience en train de se vider, Me Emmanuel Simh est au téléphone. Il essaye en vain de joindre ses clients, les nommés Amougou Albert Roland et Atche à Ngon, épouse Amougou, pour leur annoncer le verdict. Les deux accusés, par ailleurs époux, absents à l’audience, ont été condamnés à 25 ans de prison ferme. Et à une amende collégiale de 484 millions de Fcfa à payer au Cfc. Impossible d’avoir ni l’un ni l’autre au bout du fil. Pourtant la veille, l’avocat au barreau du Cameroun était bien en contact avec ses clients qui lui paraissaient bien sereins dans l’attente du verdict. Depuis lors, il n’a plus jamais eu des nouvelles de ceux-ci. Hors mis un message électronique à lui envoyé (on ne sait d’où) quelques jours après le verdict par Amougou Albert Roland. Il demande résolument à ses avocats dont Me Simh, de ne pas faire appel à ce jugement rendu par le Tgi du Mfoundi.
A leur domicile du quartier Odza I, les frères et amis qui, le lendemain du verdict, s’y sont précipités pour avoir les nouvelles du couple se rendent à l’évidence : les époux Amougou sont portés disparus. Un cousin à Albert Roland Amougou, l’air suffisamment attristé, balbutie quelques confidences : « Ce n’est pas de la justice ça. Il s’agit d’un règlement de compte. Albert n’a pas voulu accepter ce jugement sur cette affaire où il n’a absolument rien fait de mal. Il a choisi certainement de partir ». Difficile en tout cas de savoir si le couple Amougou à ce jour est encore au Cameroun. Même les recherches de la gendarmerie nationale sont restées vaines jusque là. Des sources annoncent que le couple aurait pris la direction de la République centrafricaine d’où il cherchera probablement un exil dans un pays qui lui coinvient.
Une affaire de lotissements
Cette affaire qui conduit à la condamnation de l’ancien économe général de la procure de mission de l’archidiocèse de Yaoundé et son épouse Atche à Ngon, elle aussi laïque engagée au sein de l’Eglise catholique au Cameroun, trouve ses sources en 1999. Cette année là, le couple s’associe au nommé Evina Martin pour créer une société dénommée La Foncière Sarl. Laquelle a pour objet principal la promotion foncière et immobilière. La même année, La Foncière Sarl ainsi mise en place monte un dossier de prêt et d’une couverture de crédit avec affectation hypothécaire auprès du Cfc, d’un montant de 638 millions de Fcfa. Après 4 années de procédures bancaires, le crédit sera mis en place le 7 août 2003 à travers une convention notariée. Il devait servir au financement d’un programme immobilier de 103 logements, moyens et hauts standings au quartier Odza I, une banlieue de Yaoundé. Le crédit tel qu’il est mis en place a la spécificité que c’est le Cfc qui devait directement payer les sociétés sous traitantes.
Opération Epervier
En janvier 2006, l’Opération Epervier est lancée. Avec l’arrestation entre autres de Joseph Edou, le directeur général du Cfc. Parmi les affaires qui l’accablent, il y a celle de La Foncière. La convention qui lie cette société au Cfc était pourtant en train de s’appliquer. Avec le payement de l’intégralité de ses échéances créancières au Cfc. Soit environ 226 millions de Fcfa en capital et 117 millions de Cfa en intérêts. C’est sur ces entrefaites que dame Atche à Ngon, épouse Amougou, est arrêtée. On lui reproche en tant que gérante de La Foncière Sarl et plus tard à l’un des associés de cette société, son époux Amougou Albert Roland, l’infraction de coaction de détournement de la somme de 484 millions de Fcfa qui est en fait le solde restant dû, capital et intérêts réunis du crédit contracté au Cfc. Cela avec la complicité du directeur général et du président du Conseil d’administration du Cfc. Motif : la procédure et les conditions d’octroi du prêt n’ont pas été respectés. Dame Atche sera libérée sous caution quelques mois après son incarcération à Kodengui. Renvoyée avec son époux devant le Tgi, ils comparaissent libres. Leurs conseils composés de Maîtres Biock, Simh, Nsadack et Bitang à Ngon vont, au cours des différentes audiences essayer de prouver que la procédure d’octroi du prêt avait scrupuleusement été respectée. Le tribunal n’est pas convaincu. Amougou Albert Roland et son épouse sont condamnés. Aujourd’hui, ils ont choisi de disparaître.
mboasawa
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