Le coffre fort de l'agence Amity Bank aurait été vidé de son contenu après le passage d'une cinquantaine d'assaillants non identifiés.
Lazare Kolyang
Les habitants de Limbé sont encore sous le choc. Et tentent, quelques heures après le départ de ce que l'on qualifie " d'assaillants ", d'expliquer le cauchemar que viennent de vivre certaines personnes dans cette localité. " On parle ici de ce braquage comme la troisième guerre mondiale ", rapporte au téléphone, une journaliste d'un journal anglophone basé dans le chef lieu du département du Fako. Que ce soit elle ou d'autres sources d'informations approchées par Mutations, le scénario de cette attaque simultanée de trois agences de banques (Scb Crédit agricole, Sgbc et Amity Bank) situées à Down Beach, non loin du bord de la mer, semble identique." Tout porte à croire que les assaillants, qui étaient environ une cinquantaine, étaient déjà dans les alentours aux environs de 21 heures ", a rapporté à certains confrères un vigile en poste sur ces lieux. " Mais c'est précisément entre 1 heure et 3 heures que tout s'est déroulé ", explique cette source. " Les assaillants ont monté la garde sur la route qui mène vers les zones militaires. Pendant ce temps, ils ont utilisé des grenades pour faire sauter les portes et autres obstacles pour pénétrer dans les banques", poursuit-elle. Mais dans cette tentative, et l'on ne sait pas encore pour quelle raison, seul le coffre fort de l'agence de Amity Bank va être éventré. Et son contenu emporté.
Pour l'instant, nul ne peut évaluer ce qui a été effectivement emporté, même si certaines sources parlent déjà de centaines de millions de francs Cfa. L'agence de la Beac située aussi à quelques encablures a aussi été attaquée. " Ils ont juste eu le temps de casser quelques vitres. Ils n'ont pas pu entrer et sont aussitôt repartis ", témoigne un militaire habitant non loin de là. C'est donc dans une " sérénité " absolue que les braqueurs vont opérer. Les coups de feu entendus dans la ville sont, selon différents témoignages, des tirs de dissuasion perpétrés pour tenir à l'écart d'éventuels renforts. C'est dans cet amalgame que des passants, plus précisément des clients de la boîte de nuit Calyspo (Fini Hôtel) ont été atteints par balles. Avec au final un mort et cinq blessés. Les éléments du Bataillon d'intervention rapide (Bir) stationnés depuis quelque temps seulement à Man of Warbe (d'une distance de près de dix kilomètres) sont arrivés un peu en retard. Selon les premières informations, les assaillants seraient repartis dans deux cars pour rejoindre les embarcations à bord desquelles ils sont arrivés.
Sécurité
Informées de ce braquage spectaculaire, les autorités militaires et administratives de la province du Sud-Ouest ont fait une descente à Limbé. Le ministre Délégué à la présidence de la République chargé de la Défense, Remy Ze Meka et le gouverneur de la province du Sud-Ouest, Louis Eyeya Zanga, ont ainsi été aperçus à Limbé. Même si une patrouille des forces de sécurité est restée visible autour du lieu de braquage toute la journée d'hier, dimanche 28 septembre, rien n'a filtré de ce qui a été dit au cours de cette descente de crise.
Le préfet du département du Fako, Jules Marcellin Njaga, a simplement indiqué que " des mesures de sécurité ont été renforcées ". Mais en attendant, plusieurs questions continuent de tarauder les esprits. Par exemple, l'on se demande où sont passés les gendarmes, policiers ou autres agents de sécurité souvent commis à la surveillance des ces lieux de dépôt de l'épargne publique? Comment ces assaillants ont pu utiliser des grenades, sans que cela ne puisse attirer l'attention d'importantes unités de l'armée, de la police et de la gendarmerie stationnées dans cette ville ?
