Ses avocats ont donné le point hier à Yaoundé après la clôture de l’information judicaire.L’ancien ministre des Finances, Polycarpe Abah Abah était attendu hier matin devant la chambre de contrôle de la cour d’appel du Centre. L’on n’a pas aperçu la silhouette de cet ancien homme d’Etat interpellé Kondengui le 31 mars 2008 et incarcéré à la prison centrale de Yaoundé le 8 avril 2008 pour détournement des deniers publics. «Le ministère public a fait appel des conclusions du juge d’instruction», a expliqué Maître Nouga, l’un des avocats du concerné. Il a précisé que la prochaine audience est prévue le 3 novembre 2009 pour notification aux parties. «Si cette affaire ne trouve pas d’issue, l’affaire Abah Abah ne sera pas examinée au fond par les juges de jugement», a tenu à préciser Me Nouga pour qui «cela veut dire que le ministère public et le juge d’instruction ne sont pas d’accord».
Après l’audience d’hier, le collectif d’avocat de Polycarpe Abah Abah a donné une conférence de presse dans l’optique de faire le point après la clôture de l’information judicaire. Collectif composé des Maîtres Nouga, Antoine Marcel Mong, Calvin Bilong, Michel Atangana Ayissi, Marthe Nzintchem et Marion Jeanne Nko’o. L’objectif étant de lever l’équivoque sur «les fausses causes de son arrestation, et toutes aussi fausses accusations portées contre lui», ont-ils indiqué. «Le juge a signifié l’ordonnance de règlement. Notre client a été renvoyé devant le tribunal de grande instance et nous attendons qu’on nous fixe une date pour les audiences», a indiqué Me Bilong Antoine Marcel, modérateur de la conférence de presse.
Délits
Les avocats, qui disent s’être «réservés de tout commentaire public intempestif» pendant l’information judiciaire, ont donc estimé que le moment était venu de parler. Ils révèlent qu’au terme de l’information judiciaire qui a duré 18 mois déjà, le juge d’instruction a rendu une ordonnance selon laquelle deux chefs d’accusation sur les dix au départ, ont été retenus. Le premier concerne le détournement de deniers publics de 2,6 milliards Fcfa représentant les contributions du Crédit foncier du Cameroun «prétendument non reversées» à cet organisme par la direction des impôts entre 1999 et 2004.
Or, les avocats défendent leur client en indiquant qu’au moment où M. Abah Abah quitte la direction des impôts, il laisse plus de 4 milliards Fcfa. «Cet argent n’a pas été reversé à cause de son ministre de l’époque qui avait demandé de suspendre les reversements», prétend l’un des avocats du collectif. Le deuxième chef d’accusation indique que M. Abah Abah est poursuivi pour la non production d’un compte administratif de certaines dépenses pour un montant de près de 1,2 milliards Fcfa.
Les avocats de M. Abah Abah indiquent que les rapports autour de cette affaire ont des informations différentes. «Chacun a ses chiffres», a laissé entendre Me Mong qui en a profité pour saquer les inspecteurs du Contrôle supérieur de l’Etat dont les rapports «sont des plus inquiétants car, ces inspecteurs ne respectent plus la déontologie. Ils ne tiennent pas compte des manuels de procédure. On trouve au Contrôle supérieur de l’Etat des professeurs de sport et de géographie», s’est indigné Me Mong, pour qui la situation actuelle avec des rapports non concordants l’illustre à souhait.
Sur la question des délais de détention provisoire de 18 mois tel que le prévoit le code de procédure pénal, qui sont déjà dépassés, «nous pensons que notre client doit être libéré, même si l’information judiciaire se poursuit», a expliqué Me Antoine Marcel Mong. En effet, la détention provisoire de l’ex-Minfi devenait illégale, selon le Code de procédure pénale, arrivait à expiration le 08 octobre 2009. Elle est de 18 mois en matière criminelle.
Justin blaise Akono
mboasawa
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